Digression Sur Le Fantastique Dans La Littérature Viêtnamienne

23 Tháng Năm 201412:29 SA(Xem: 6671)

Avec le récit précédent, nous abordons un thème tout à fait spécial : le fantastique. Qu’il nous soit permis de profiter de cette occasion pour exposer dans ses grands traits la conception viêtnamienne du fantastique.

 

Celui-ci fait l’objet de quelques œuvres littéraires : le Vaste Recueil des récits merveilleux de Nguyễn Tự d’abord, puis le Việt Điện U Linh tập (Recueil des histoires sacrées du temple Việt) de Lý Tế Xuyên, le Lĩnh Nam Chích quái (Histoires des êtres extraordinaires des montagnes du Sud) de Trần Thế Pháp, tous deux vivant à la fin du XIVè ou au début du XVè siècle, Le Truyền tân phả (Nouveau recueil d’histoires extraordinaires) de la célèbre poétesse Đoàn Thị Điểm, et le Bích Câu Kỳ Ngộ (la rencontre merveilleuse à l’Arroyo bleu) d’auteur inconnu.

 

A part ces sources de la littérature écrite, il y a encore d’innombrables légendes populaires recueillies dans divers ouvrages comme le Nam Hải dị nhân (Hommes et femmes extraordinaires des mers du Sud) de Phan Kế Bính, le Chuyện cổ tích (Histoires d’anciennes) de Sơn Nam, etc . . .

 

Si l’on prend la peine d’analyser cette masse immense de documentation ayant trait au fantastique, on peut y dégager trois catégories de récits :

1/. Récits à caractère religieux, exposant la vie et les manifestations surnaturelles des génies adorés au Việt Nam.

2/. Récits à caractère moral d’aventures humaines, dans lesquelles Bouddha, des génies ou des Immortels interviennent pour récompenser les bons et punir les méchants.

3/. Récits à caractère philoso[hique, mettant en scène des Immortels et des incarnations humaines de l’âme des animaux et des végétaux.

Du point de vue exclusivement littéraire – qui est celui du présent ouvrage – seuls les récits de la troisième catégorie nous intéressent. Et seuls ils constituent la littérature du fantastique dans le sens précis de ce mot.

 

Dans le récit de la “Rencontre merveilleuse à l’enceinte de l’Ouest”, on a vu l’âme de certaines fleurs métamorphosée en créatures humaines. Dans cette conception, nous pouvons d’abord déceler la pensée taoïste qui considère tous les êtres de l’univers comme formés de la même essence (Thiên hạ vạn vật nhất thể 天下萬物一體). Mais ce qui doit surtout attirer notre attention, c’est le fait que les esprits des fleurs se sont métamorphosés en belles femmes, et en belles femmes amoureuses. Le fantastique viêtnamien est rarement terrifiant comme le fantastique hindou, par exemple. Les incarnations humaines de ses fleurs, de ses renards même, ne sont jamais des êtres féroces, des loups garous qui cherchent à nuire à l’espèce humaine, mais plutôt des êtres sensibles et sensuels, plus proches de la nature que les hommes civilisés. Ils ne demandent qu’à jouir de la chaude caresse de la lumière du soleil (dispensateur de la vie) et des caresses des hommes (autre forme de donation due germ de vie). C’est en somme une protestation inconsciente mais profonde du libre instinct des premiers âges de l’humanité contre la discipline rigoriste de la société civilisée.

 

Mais il y a plus : l’homme, soumis aux contingences de sa misérable condition d’être mortel rivé à la terre, aspire à s’affranchir de l’espace et du temps. Il rêve à des êtres surnaturels qui possèderaient ces pouvoirs : les Immortels (tiên). Voyons comment il les conçoit dans la légende de Từ Thức. A vrai dire, cette légende figure aussi dans la Vaste Recueil des récits merveilleux de Nguyễn Tự, mais nous lui préférons la version populaire, telle qu’elle est donnée par la tradition orale, parce que plus savoureuse et débarrassée des nombreux poèmes qui alourdissent le récit de Nguyễn Tự.

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