Tự Đức

21 Tháng Năm 20143:09 SA(Xem: 6501)

Il a régné de 1847 à 1883. Il a connu de son vivant l’humiliation de perdre les trois provinces orientales du Sud en 1862 et les trois provinces occidentales en 1867, enfin de voir Hanoi pris d’assaut par les Français en 1873. Mort sans enfant, il légua le trône à son neveu Dục Đức qui n’y resta que trois jours ; après, ce fut une succession tragique de révolutions de palais et de guerres malheureuses qui aboutit à l’établissement du protectorat français sur le Việt Nam en 1883.

 

Tự Đức fut cependant un prince très instruit, mais il avait le tort de s’accrocher trop au mode de vie antique pour pouvoir s’adapter aux nécessités du monde moderne. Sa Cour était composée de mandarins conservateurs pour la plupart. Quelques rares sujets, de retour de mission à l’étranger, ont bien essayé de dénoncer les dangers d’un isolationnisme intransigeant et la nécessité des réformes politiques, militaires, culturelles et sociales, mais leurs efforts ont tous échoués devant l’hostilité orgueilleuse de la Cour. Et, pareil à un édifice qui tombait en ruines de toutes parts, l’empire s’écroulait sans que personne fut capable de le soutenir. Dans un moment de tristesse, Tự Đức lui-même a été obligé de soupirer :

 

Võ Tướng tiêu sầu duy hữu tửu,

Văn thần thoái lỗ cánh vô thi.

 

Les mandarins militaires n’ont que l’alcool pour chasser le chagrin,

Cependant que leur collègues civils ne peuvent même pas composer un poème pour repousser l’ennemi !

 

Quoi qu’il en fut, sur le plan littéraire, Tự Đức était réellement un éminent lettré. Il a laissé plusieurs recueils de poèmes en langue chinoise : le Ngũ chế Việt sử tổng vịnh tập (Portraits historiques composés par l’empereur), et le Tự Đức thánh chế thi văn (Poèmes de l’empereur Tự Đức). Nous citerons seulement de lui deux poèmes en nôm qui montrent sa grande sensibilité et son inquiétude devant les difficultés de la situation politique :

 

 

Khóc Bằng Phi

 

Ớ thị Bằng ơi, đã mất rồi !

Ớ tình tình, ớ nghĩa, ớ duyên ôi !

Mưa hè, nắng chái, oanh ăn nói,

Sớm ngõ, trưa sân, liễu đứng ngồi.

Đập cổ kính ra, tìm lấy bóng,

Xếp tàn y lại, để dành hơi.

Mối tình muốn dứt, càng thêm bận,

Mãi mãi theo hoài cứ chẳng thôi.

 (Nam thi hợp tuyển, p.200)

 

Pleurs sur Bằng Phi

 

Ô ma chère Bằng, tu es morte !

Notre amour, nos devoirs mutuels, notre hyménée, tout serait-il perdu ?

Soit que la pluie tombe sur le trottoir ou que le soleil pénètre dans la vérandah, le chant du loriot me fait penser à toi.

Le matin je me tiens à la porte, et à midi dans la cour pour contempler le saule qui me rappelle ta silhouette.

Ah ! si je pouvais retrouver ton image en brisant le miroir dont tu te servais !

Mais je ne puis que serrer tes vieux vêtements qui conservent ton parfum.

Je voudrais arracher de mon cœur ton souvenir, qui me torture,

Mais il me poursuit inlassablement, sans me relâcher un seul instant.

 

 

Ngẫu cảm

 

Sự đời ngẫm nghĩ, nghĩ mà ghê !

Sống gửi, rồi ra lại thác về.

Khôn dại cùng chung ba thước đất,

Giầu sang chưa chín một nồi kê.

Tranh dành trước mắt mây tan tác,

Đày đọa sau thân núi nặng nề.

Muốn để hỏi tiên, tiên chẳng bảo,

Gượng làm chút nữa để mà nghe.

 (Op. cit. , p.261) 

 

Inspiration fortuite

 

De terreur je frissonne en réfléchissant sur le sens de la vie

Qui n’est qu’un séjour passager, alors que la mort est le retour à la vraie demeure.

Sages et sots achèvent leur vie dans le même lot de trois toises de terre.

Honneurs et richesses durent moins que le temps qu’il faut pour faire cuire une marmite de millet 1

La lutte présente déchire les hommes, comme le vent qui disperse les nuages 2.

De terribles malheurs m’attendent dans le futur, lourds comme des montagnes.

Je voudrais interroger les esprits, mais ils ne me répondent pas 3,

Aussi suis-je condamné à trainer encore ma vie, dans l’attente des évènements à venir.

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1 Lư Sinh, un pauvre étudiant qui venait d’échouer à l’examen, rencontra dans une auberge un prêtre taoïste à qui il raconta ses malheurs. Celui-ci lui donna un oreiller et lui conseilla de s’étendre sur le lit en attendant qu’il fit bouillir une marmite de millet. (Voir page suivante)

Lư Sinh se vit reçu premier docteur, premier ministre, marié à une belle princesse, père de cinq fils tous mandarins à la Cour, et grand-père d’une dizaine de petits-enfants tous beaux et intelligents. Enfin, il se vit mourir à l’âge de 80 ans, comblé de tous les bonheurs du monde.

Juste à ce moment il se réveilla : le millet n’était pas encore cuit. Et le prêtre taoïste lui dit en souriant : “Ainsi est la vie, qui dure moins qu’in songe.”

2 Allusion à la guerre franco-viênamienne.

3 Le spiritisme se pratique aussi au Việt-Nam, mais pas avec une table. Un médium s’assied devant un autel, face à un plateau rempli de riz. Quand il entre en transe, il trace sur ce plateau, avec des baguettes d’encens, des caractères qu’un aide essaie de déchiffrer et de consigner rapidement sur une feuille de papier.


 

 

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