Chapitre VI: La Littérature Sous Les Nguyễn Dans Leur Dernière Période De Pleine Souveraineté.

21 Tháng Năm 20143:05 SA(Xem: 6691)

Ce siècle avait deux ans (1802) lorsque l’Empereur Gia Long réunit sous son sceptre les deux royaumes du Nord et du Sud qui avaient été séparés depuis deux siècles. Et jusqu’en l’an 1862, l’ancien régime fut établi dans tout l’empire, de nouveau figé dans le mode de vie qui l’avait régi depuis mille ans. Car la grande révolution sociale de la fin du XVIIIè siècle, après avoir vigoureusement sécoué l’ancienne structure féodale, a finalement échoué. Et le Việt-Nam retombe dans ses anciennes ornières : monarchie absolue, confucianisme, recrutement des mandarins par la seule voie des examens littéraires, refus de s’ouvrir au monde moderne, etc.

 

Comme au début de la dynastie des Lê, la littérature fut très florissante au début de la dynastie des Nguyễn. Les souverains qui succédèrent à Gia Long furent d’éminents lettrés qui mettaient leur gloire à développer les lettres : Minh Mạng (1820-1840), Thiệu Trị (1840-1847), et surtout Tự Đức qui, au milieu d’un monde en marche, voulait à toute force retenir son petit empire dans un splendide isolement. Aussi retrouve-t-on, chez les lettrés au début du XIXè siècle, comme au bon vieux temps du XVè siècle, les mêmes sources d’inspiration tirées des philosophies confucianiste, bouddhiste et taoïste.

 

La novicité de l’étude conformiste du Confucianisme, vidé de tout esprit vivifiant au profit de la lettre stérile, sévissait plus que jamais. Nous ne saurions en donner une meilleure preuve que cet aveu amer de l’empereur Minh Mạng lui-même (Viêt Nam sử lược, p.435) : “Depuis longtemps, les examens nous ont engagés dans une voie erronnée. La littérature qui devrait s’épanouir librement a été ligotée dans des formules désuètes imposées par les règles des examens. Le talent du candidat, son succès ou son échec, sont déterminés suivant les normes fixées par quelques coteries littéraires prétencieuses. Rien d’étonnant qu’avec un pareil système d’instruction le niveau intellectuel des lettrés se soit abaissé de plus en plus. Mais les anciennes habitudes se sont implantées fortement, et il ne sera pas facile de les modifier du jour au lendemain.”

 

Nous avons rangé Hồ Xuân Hương, Phạm Thái, Nguyễn Du et Nguyễn Huy Hổ dans le chapitre précédent bien qu’il vécussent aussi au début du XIXè siècle, parce que leurs idées les rapprochent plus de l’époque des Lê que de celle des Nguyễn. Dans le présent chapitre, nous étudierons seulement les auteurs qui représentent le mieux l’esprit de cette période exceptionnelle où le Việt Nam, encore indépendant, amorça déjà sa chute aveugle vers le gouffre qui devait l’engloutir quelques dizaines d’années plus tard.

 

Gia Long, le fondateur de la dynastie, était à la fois un esprit énergique et large. A l’égard des populations du Nord dont il avait trompé l’espoir de rétablir le trône au profit des Lê, il pratiquait une politique de main fer gantée de velours : retour solennel des cendres de l’empereur Chiêu Thống mort en exil en Chine, acceuil à sa Cour de plusieurs anciens mandarins des Lê et de leurs descendants, condamnation brutale des compagnons d’armes manifestant un esprit d’indépendance gênant, etc. A l’égard des Français dont il avait obtenu le précieux concours dans sa lutte contre les Tây Sơn, il était tout miel ; haut grades de mandarinat, grosses pensions, liberté de propagation de la religion catholique, etc. Aussi, durant son règne, le pays vivait-il dans une bienheureuse paix. Mais dès sa mort, tout changea :

 

Sous le règne de Minh Mạng et Thiệu Trị, les difficultés commencèrent à ébranler le régime :

-Révolte de Phan Bá Vành à Nam Định en 1826-27 ;

-Révolte de Lê Duy Lương à Ninh Bình en 1833 ;

-Révoltes simultanées en 1833-35 de Nông Văn Vân à Tuyên Quang et Cao Bằng et de Lê Văn Khôi à Gia Định ;

-Guerre avec le Siam et le Cambodge à partir de 1827 pour établir le protectorat du Việt Nam sur ce dernier pays ;

 

Interdiction de propagation de la religion chrétienne en 1825. Condamnation à mort de plusieurs missionaires et fidèles de 1834 à 1838. Celle de l’évêque Lefèbre en 1845 déclencha le bombardement de la flotte viêtnamienne à Đà Nẵng en 1847 par l’amiral Rigault de Genouilly.

 

Lorsque Tự Đức monta sur le trône en 1847, l’empire achevait de tomber en ruine :

Incursions des pirates chinois Tam Đường en 1851 à Thái Nguyên

Révolte de Lê Duy Cự (avec pour conseiller le celèbre poète Cao Bá Quát) en 1854 à Sơn Tây

Révolte de Tạ Văn Phùng en 1861 à Quảng Yên

A Huế, rébellion d’un neveu de l’empereur Tự Đức en 1866

Au Nord, l’armée rebelle des Tai-Pinh écrasée en Chine reflua sur le Việt Nam à partir de 1868 et occupa diverses provinces de la Haute Région Tonkinoise.

Sous prétexte de protéger les missions évangéliques, le corps expéditionnaire français n’aura plus qu’à souffler sur ce château de cartes pour le faire s’écrouler.

En somme, on peut distinguer dans l’histoire de la dynastie des Nguyễn jusqu’à l’intervention francaise en 1862 deux périodes :

-Une période brève qui correspond au règne Gia Long (1802-1820), période heureuse encore auréolée de la victoire des Nguyễn sur les Tây Sơn. Le chef d’œuvre de Nguyễn Văn Thành que nous reproduisons ci-après donnera une idée de la fierté nationale qui anime cette époque.

 

-Une période encore glorieuse, mais déjà difficile, où les lettrés, devant le péril qui menace l’empire et leur caste en particulier, se mirent à les défendre énergiquement, et à en chanter la splendeur pâlissante. Deux grands poètes ont symbolisé à la perfection cette dernière période de la monarchie absolue : Nguyễn Công Trứ et Cao Bá Quát. On dirait qu’ils ont pressenti la fin prochaine d’un monde trop vieux, le leur, et qu’ils se sont efforcés soit de le retenir le plus tard possible sur le bord de l’abime, soit d’en exprimer tout le suc capiteux avant qu’il ne se brisât au contact de la civilisation matérialiste occidentale. Et, de fait, Nguyễn Công Trứ et Cao Bá Quát, surtout le premier, ont pour ainsi dire composé le testament politique de la classe des lettrés près de s’éteindre dans des poèmes magnifiques où ils ont exposé avec force l’idéal du sage dans la cité antique : se dévouer pour le service de la patrie, et, cette mission achevée ou contrariée, trouver son bonheur dans la paix de l’âme et les beautés gratuites de la nature.

 

Un autre poète, Nguyễn Đình Chiểu, a également tenté de défendre l’idéal du lettré dans un roman moralisateur célèbre : le Lục Vân Tiên.

 

Enfin, comme toujours, le sentiment ne perd pas ses droits. L’empereur Tự Đức et madame la sous-préfète de Thanh Quan se sont révélés des poètes exquis pour chanter les peines de leurs cœurs.

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