Nguyễn Huy Tự

21 Tháng Năm 20143:02 SA(Xem: 5912)

N G U Y Ễ N H U Y T Ự

(1743 – 1790)

 

 

Originaire de la province de Hà Tĩnh. Fils de mandarin et mandarin lui-même, il a vécu une vie sans histoire. Son seul malheur fut de mourir à un moment où la dynastie de ses souverains avait sombré. Il a laissé un roman en vers : Hoa Tiên (le Papier à fleurs) dont voici le résumé :

 

Lương Sinh, de la province de Tô Châu, se rend à Tràng Châu pour assister aux fêtes d’anniversaire de sa belle-tante Mme Diêu dont le mari est un frère de sa mère. Là il rencontre une belle jeune fille, Dương Giao Tiên, fille d’un frère de Mme Diêu. Il en tombe follement amoureux et réussit, grâce aux bons offices des servantes de la jeune fille, à entrer en conversation avec elle. Les deux jeunes gens font le serment de fidélité éternelle sur un papier à fleurs (d’où le titre du roman).

 

Mais Lương Sinh est bientôt rappelé par ses parents qui ont choisi pour lui une fiancée, Lưu Ngọc Khanh. Par piété filiale, il doit s’incliner et renoncer à son amour.

 

Entre temps, M. Dương, père de Giao Tiên, est muté à la capitale ; il y emmène sa fille. Puis il reçoit l’ordre d’aller guerroyer contre les envahisseurs Hồ à la frontière. Il est vaincu, et obligé de se replier dans une gorge montagneuse.

 

Après être resté quelque temps chez lui, Lương Sinh obtient de ses parents l’autorisation d’aller compléter son instruction dans le monde. Il en profit pour revenir à Tràng Châu revoir son amante. Hélas ! Celle-ci ne s’y trouve plus. Désespéré, il veut renoncer à ses études. Heureusement son cousin Diêu Sinh le réconforte et l’encourage à se présenter à l’examen littéraire qui aura lieu à la capitale. Ils sont reçus tous les deux brillamment.

 

Lương Sinh retrouve à la capitale sa bien-aimée. Il lui explique les raisons de son parjure, et apprend d’elle que M. Dương est assiégé par l’ennemi. Il demande aussitôt un commandement, et vole au secours du père de son amante. Mais il est battu lui-même. Le bruit court même qu’il a été tué au cours de la bataille.

 

Cette nouvelle décide les parents de Lưu Ngọc Khanh à chercher un autre mari pour leur fille. Placée entre l’obéissance due à ses parents et la fidélité à son fiancé, Ngọc Khanh se jette dans le fleuve. Elle est heureusement sauvée par M. Long qui l’adopte.

 

Diêu Sinh à son tour est chargé d’aller défendre la frontière. Il a le bonheur d’entrer en rapports avec son cousin Lương Sinh assiégé par l’ennemi. Un plan de campagne est concerté entre les deux généraux. Une victoire complète s’ensuit, et Lương Sinh, de même que M. Dương, sont délivrés. Les trois reviennent triomphalement à la capitale où il sont magnifiquement récompensés. Ayant appris les anciennes amours de Lương Sinh et de Dương Giao Tiên, l’empereur ordonne leur mariage et leur offre de superbes cadeaux de noces.

 

Sur ces entrefaites, M. Long arrive à la capitale, et expose à l’empereur qu’il a sauvé Lưu Ngọc Khanh, fiancé de Lương Sinh. Sa majesté n’est pas embarrassée pour si peu : Elle accorde à l’heureux Lương Sinh deux épouses de même rang.

 

1/. Comme on le voit, ce roman a suivi fidèlement la tradition classique : Après des adversités sans nombre, les bons sont toujours récompensés à la fin. Et l’histoire relatée n’a d’autre intérêt que d’illutrer une leçon pratique de morale.

 

2/. Ses personnages sont plutôt des personnages conventionnels que ses personnes réelles, en chair et en os. Lương Sinh représente le type du jeune lettré patriote, pieux envers ses parents et fidèle à son amour. De même, Giao Tiên et Ngọc Khanh représentent le type de la jeune fille bien éduquée, réservée dans l’expression de son amour, mais prête à mourir pour lui. Tous ont agi conformément aux règles de la morale confucéenne, automatiquement, presque sans combat intérieur, sans conflit de conscience, sauf chez Ngọc Khanh. Mais ici encore, le drame est posé d’une façon tellement simple et nette que le lecteur en devine d’avance l’issue inéluctable, unique : le suicide. Comme intérêt psychologique donc : aucun.

 

 

 

3/. L’intérêt littéraire, par contre, est plus important. Sans atteindre la virtuosité de Nguyễn Du, Nguyễn Huy Tự a réalisé une œuvre estimable de précurseur. Son roman préfigure en effet le “Nouveau chant des entrailles déchirées”, et nombre de ses vers seront repris, améliorés, par son cousin Nguyễn Du, et imités par son fils Nguyễn Huy Hổ.

 

Nous nous bornerons à extraire de ce roman long de 1.826 vers deux passages qui montrent une affinité évidente avec les œuvres de ces auteurs. Le premier fait la description d’un voyage en barque de la famille Dương se rendant à la Capitale :

 

  1. 999.  Giang sơn tám bức sầu treo,

 Cành mai để trạnh, sắc chiều như xui.

 Kìa đâu cát bẵng một doi,

 Mấy chòm lếch đếch lôi thôi trận nhàn.

 Kìa đâu mây tận chân ngàn,

 Lưng đèo xao xác, hợp tan chợ chiều.

 Kìa đâu viễn phố quạnh hiu,

 Chân trời thấp thoáng con chèo về khơi.

 Kìa đâu bờ bến lôi thôi,

 Ngư thôn mấy nóc, mặt trời tà dương.

 Kìa đâu nghi ngút khói sương,

 Chày khuya mấy tiếng, chuông vang bên chùa.

 Kìa đâu nước lạnh chiều thu,

 Động đình phẳng lặng một hồ trăng in.

 Kìa đâu ban tối đỗ thuyền,

 Trắng bay hoa tuyết giang thiên một mầu .

 Kìa đâu trúc lệ nhuộm thâu,

 Tiêu tương lích chích mưa mau canh chầy.

 

Dans la nature semblent être suspendus huit tableaux 1 de paysages mélancoliques

Qui émeuvent le matin et serrent le cœur le soir.

Voici une lagune de sable tout unie

Où s’éparpillent quelques buissons rabougris et que survolent quelques rares oies sauvages.

Là-bas, des nuages grimpent au flanc d’une montagne

Où sur un col se tient un marché dans le soir qui tombe.

Au loin s’aperçoit un hameau solitaire

Que regagne en se hâtant une barque qui vient de la haute mer.

Voici encore une humble plage

Où quelques toits de pêcheurs se profilent dans la lumière crépusculaire.

Plus loin, s’élève une épaisse fumée mélangée de brume

Qui emporte dans les airs les sons du tocsin et de la cloche d’une pagode.

Tandis que, sous le ciel d’automne, l’eau froide

Du lac reflète la face de la lune.

Mais voici que la barque s’arrête dans un débarcadère

Où les flocons de neige voltigent, emplissant le ciel et le fleuve d’une blancheur uniforme.

Tandis que les roseaux semblent pleurer

Sous la pluie qui tombe à verse dans la nuit profonde.

 

Le second passage que nous allons donner ci-dessous relate le retour de Lương Sinh à la demeure déserte de sa bien-aimée, après que celle-ci eut déménagé à la Capitale. Nous verrons que ce thème éminemment poétique sera aussi traité par Nguyễn Du. C’est également le thème développé magistralement par Lamatine dans “Le lac” et Hugo dans “La tristesse d’Olympio”, mais notre poète Nguyễn Huy Tự l’a traité très sobrement, en une trentaine de vers seulement, où pourtant le lecteur peut déceler une intense émotion contenue.

 

Lương Sinh trở lại nhà Dương Giao Tiên

 

  1. 1049.  Sông nguyền bể dặn trùng trùng,

 Phụ phàng nọ những thẹn thùng nước non.

 Vườn riêng còn thú cầm tôn,

Hoàng diêu, Tử ngụy vẫn còn chưa phai.

 Cành trông cỗi ngắm chờ ai,

Đầy song tuyết điểm hoa mai trắng ngần.

 Lần sang thăm thú vườn gần,

Một vùng cỏ biếc, mấy lần cửa son.

 Lơ thơ cây cỗi cành non,

Rêu in cầu đá, tuyết mòn lối thơm.

 Lầu thơ khói tỏa mây trùm,

Chồi sai thưa bẻ, khóm sờm vắng via.

 Biết ai hầu hỏi sự duyên,

Viên ông đã thấy trong miền rò ra.

 Mon men thăm hỏi gần xa,

Mới tường môn mạch nay đà phó kinh.

 Ngán chiều lã chã đôi doành,

Buồn nương bên triện, dạo quanh khắp tòa.

 Băn khoăn đến trước đình Ba,

Lương không yến đỗ, song tà nhện giăng.

 Dấu thơ vách hãy dăng dăng,

Xã thơ cách mấy mươi từng người thơ.

 Hiên cài lác đác sao thưa,

Sân rêu nọ chốn ngày xưa chén đồng.

 Mày dương liễu, mặt phù dung,

Ngắm hoa thêm nhắc tấm lòng sinh ly.

 Trăng thề vẫn đó chi chi,

Liễu Chương Đài biết nay đi đâu rồi ?

 Mừng xuân đào hãy ngậm cười,

Vẻ hồng trơ đó, mặt người nào đâu ?

 Khi xưa son gác, phấn lầu,

Giờ sao tan tác mặc dầu khói sương ?

 Ấy ai dập lửa vùi hương ?

Để ai nát đá, phai vàng với ai ?

 

 Lương Sinh revient chez Dương Giao Tiên.

 

Le fleuve a juré, la mer a recommandé une fidélité éternelle,

Et il a manqué à sa parole, quelle honte devant les monts et les eaux !

A son jardin, il a retrouvé sa guitare et son carafon d’alcool,

Et les fleurs de pivoine conservent leur éclat d’antan.

Il regarde les branches d’arbres qui semblent attendre la visite de sa bien-aimée,

Tandis que la neige éclabousse sa fenêtre et recouvre ses abricotiers de blancheur éclatante.

Il se décide enfin à visiter le jardin voisin 1

Où il ne voit que des portiques de vermillon au milieu d’un parterre de gazon vert.

Cà et là se dressent des arbres trop vieux et des branches trop jeunes !

La mousse recouvre le pont de pierre, et la neige a effacé les traces des pas parfumés.

Une brume épaisse enveloppe la biblilothèque :

Les bourgeons superflus n’ont pas été arrachés, ni taillés les buissons touffus.

Il ne sait à qui s’adresser pour demander des nouvelles

Lorsque le vieux jardinier lentement apparaît.

Prudemment il l’interroge sur les patrons,

Et apprend que ceux-ci ont déjà déménagé à la capitale.

Triste, il laisse échapper deux jets de larmes,

S’appuie sur la balustrade, puis erre mélancoliquement dans tout le palais.

Il s’avance jusqu’au “Pavillon d’où l’on contemple les vagues”,

Et regarde les poutres d’où ont disparu les nids d’hirondelles, et les fenêtres couvertes de toiles d’araignée.

Des poèmes se voient encore sur les murs,

Mais où sont maintenant leurs auteurs ?

A travers la fenêtre il voit quelques étoiles clairsemées,

Et la cour moussure où jadis ils buvaient ensemble à leur amour.

Que son amante était belle avec ses sourcils recourbés en saule pleureur et son visage d’hibiscus !

Plus il contemple les fleurs, et plus la douleur de leur séparation se ravive en son cœur.

La lune devant laquelle ils se sont juré un amour éternel est toujours là,

Mais où est maintenant le saule de Chương Đài ?1

La fleur de pêcher sourit toujours pour accueillir le printemps,

Mais où trouver son visage qui rivalisait d’éclat rose avec cette fleur ?

Autrefois elle habitait ce pavillon laqué de vermillon et parfumé de ses fards,

Envahi maintenant de brume après qu’elle en est partie.

“Hélas ! qui a éteint le feu et l’encens 2

Pourque soit détruit notre amour qui se voulait éternel comme la pierre et l’or ?”

 

 



1 La littérature et la peinture sino-viêtnamiennes prenaient habituellement pour thèmes ces huit paysages classiques :

1. Des oies sauvages se posant sur une plage unie (bình sa lạc nhạn)

2. Crépuscule sur un marché tenu au pied d’une montagne (sơn thị tinh lam)

3. Retour d’un voilier au débarcadère lointain (viễn phố quy phàm)

4. Crépuscule sur un hameau de pêcheurs (ngư thôn tịch chiêu)

5. Angélus d’une pagode de montagne (sơn tự hàn chung)

6. Lune d’automne sur le lac de Động Đình (Động Đình thu nguyệt)

7. Neige du soir sur les berges d’un fleuve (Giang biên mộ tuyết)

8. Pluie nocturne sur le fleuve Tiêu Tương (Tiêu Tương dạ vũ)

 

1 Le jardin de Giao Tiên.

1 Hàn Hoành, un poète de la dynastie des Đường, écrivait à son amante :

 “O saule de Chương Đài qui fus vert l’an passé, où es-tu maintenant ?”

Depuis, l’expression “saule de Chương Đài” sert à désigner une amante absente.

2 Les amants d’autrefois se juraient fidélité devant un autel où étaient allumé le feu et l’encens.

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