Lê Thị Ngọc Hân

21 Tháng Năm 20143:00 SA(Xem: 6423)

L Ê T H Ị N G Ọ C H Â N

(1770 – 1803)

 

 

Fille d’empereur, tante d’empereur, et impératrrice elle-même, la princesse Ngọc Hân connut une destinée des plus tragiques.

 

Elle avait seize ans lorsque Nguyễn Huệ envahit le royaume du Nord. Sur l’ordre de son frère Nguyễn Nhạc, chef des Tây Sơn, il s’était emparé de la province de Thuận Hóa puis, de sa propre initiative, il avait exploité ce premier avantage en s’aventurant jusqu’à la capitale des Lê-Trịnh. Rien ne résista devant son armée invincible. Le prince Trịnh Khải s’enfuit et se suicida. Quant au vieil empereur Lê Hiển Tông, son grand âge et sa grave maladie l’empêchèrent de prendre la fuite. Bien lui en prit, car Nguyễn Huệ n’avait pas à ce moment l’intention de s’emparer du royaume du Nord dont il convoitait seulement les trésors fabuleux. Nguyễn Huệ vint donc en grande cérémonie se présenter à la Cour, en assurant qu’il avait voulu seulement châtier la famille princière des Trịnh qui opprimait l’autorité impériale, et qu’il était prêt à remettre tous les pouvoirs à l’empereur des Lê.

 

Hiển Tông ne put en croire ses oreilles. Il accorda à Nguyễn Huệ le titre de Grand Duc (Thượng Công) et la main de sa fille cadette, la princesse Ngọc Hân, très instruite et d’une beauté angélique. Nguyễn Huệ en fut vivement touché. Quelques jours après, le chef des Tây Sơn rejoignit la capitale Thăng Long pour surveiller son frère dont il redoutait le génie militaire et l’ambition démesurée. Les deux frères s’accordèrent pour évacuer le Nord après en avoir dévalisé les trésors de fond en comble.

 

Après leur retour au Sud, la dissension ne tarda pas à éclater entre Nguyễn Nhạc qui s’était fixé à Bình Định (Qui Nhơn) et Nguyễn Huệ établi à Phú Xuân (Huế). Entre temps, au Nord, l’empereur Lê Hiển Tông était mort en léguant le trône à son petit-fils, l’empereur Lê Chiêu Thống. En 1787, les Tây Sơn envahirent de nouveau le Nord. Chiêu Thống appela à son aide les Chinois, que Nguyễn Huệ, devenu l‘empereur Quang Trung, défit dans une campagne foudroyante en 1788.

Quang Trung avait déjà une femme, une paysanne, lorsqu’il épousa en 1786 la princesse Ngọc Hân. Devenu empereur, il nomma celle-ci Impératrice du Nord (Bắc cung hoàng hậu) concurremment avec sa première femme, l’Impératrice du Sud.

 

Quang Trung mourut en 1792, en luégant le trône à son fils Nguyễn Quang Toản, né de l’Impératrice du Sud. Quant à l’Impératrice du Nord, qui avait deux enfants en bas âge, nul n’aurait connu les souffrances qu’elle endurait auprès son veuvage, au milieu de cette cour de rustres jaloux de sa naissance et de son instruction, si elle n’avait légué à la postérité une Oraison funèbre de l’empereur Quang Trung (Văn tế vua Quang Trung) et une Pensée douloureuse au disparu (Ai tư vãn) dont nous donnons ci-dessous en extrait.

 

A la chute des Tây Sơn survenue en 1802, elle alla se réfugier dans un village retiré du Quảng Nam. Elle fut dénoncée par les sbires de l’empereur Gia Long, et subit la peine capitale avec ses deux enfants en 1803.

Elle mérite d’être surnommée l’Impératrice de la Douleur.

 

 Ai tư vãn

 

Khi trận gió hoa bay thấp thoáng,

Ngỡ hương trời bảng lảng còn đâu.

Vội vàng sửa áo lên chầu,

Thương ôi quạnh quẽ trước lầu nhện giăng.

 

Khi bóng trăng lá in lấp lánh,

Ngỡ tàn vàng nhớ cảnh dạo chơi.

Vội vàng dạo bước tới nơi,

Thương ôi vắng vẻ giữa trời sương sa.

 

Tưởng phong thái xót xa đòi đoạn,

Mặt rồng sao cách diễn lâu nay ?

Có ai chốn ấy về đây ?

Nguồn cơn xin ngỏ cho ai được đành ?

 

Nẻo u minh khéo chia đôi ngả,

Nghĩ đòi phen nồng nã đòi phen.

Kiếp này chưa trọn chữ duyên,

Ước xin kiếp khác vẹn tuyền lửa hương.

 

Buồn thay nhẽ ! sương rơi gió lọt,

Cảnh đìu hiu, thánh thót châu sa.

Tưởng lời di chúc thiết tha,

Khóc nào nên tiếng, thức mà cũng mê !

 

Buồn thay nhẽ ! xuân về, hoa ở,

Mối sầu này ai gỡ cho xong ?

Quyết liều mong vẹn chữ tòng ,

Trên lương nào ngại, giữa giòng nào e ?

 

Còn trứng nước, thương vì đôi trẻ,

Chữ tình thâm chưa thoát được đi.

Vậy nên nấn ná đòi khi,

Hình tuy còn ở, phách thì đã theo.

 

Theo buổi trước ngự đèo Bồng đảo,

Theo buổi sau ngự nẻo sông Ngân.

Theo xa thôi lại theo gần,

Theo phen điện quế, theo lần nguồn hoa.

 

Đương theo bỗng tiếng gà sực tỉnh,

Đau đớn thay, ấy cảnh chiêm bao !

Mơ màng thêm nỗi khát khao,

Ngọc kinh chốn ấy ngày nào tới nơi ?

 

Tưởng thôi lại bồi hồi trong dạ,

Nguyện đồng sinh sao đã kíp phai ?

Xưa sao sớm hỏi khuya vời,

Nặng lòng vàng đá, cạn lời tóc tơ.

 

Giờ sao bỗng thờ ơ lặng lẽ ?

Tình cô đơn ai kẻ xét đâu ?

Xưa sao gang tấc gần chầu,

Trước sân phong nguyệt, trên lầu sanh ca.

 

Giờ sao bỗng cách xa đôi cõi,

Tin hàn huyên khôn hỏi thăm lênh.

Bửa cung gẫy phím cầm lành,

Nỗi con côi cút, nỗi mình bơ vơ !

 

Trông mái Đông, lá buồm xuôi ngược,

Thấy mênh mông những nước cùng mây.

Đông rồi thì lại trông Tây,

Thấy non ngân ngất, thấy cây rườm rà.

 

Trông Nam thấy nhạn sa lác đác,

Trông Bắc thời ngàn bạc màu sương.

Khắp trong trời đất bốn phương,

Cõi tiên khơi thẳm, biết đường nào đi ? 

 (Việt Nam thi văn giảng luận I. Page 298-300)

 

 Pensée douloureuse au disparu

 

Lorsque devant le vent les fleurs s’éparpillent,

Je crois sentir le parfum céleste qui flotte encore quelque part.

Et je me précipite pour aller m’habiller et le saluer.

Hélas , son palais solitaire est tissé de toiles d’araignés !

 

Lorsque les feuilles d’arbres impriment leur ombre sur la lumière lunaire,

Je crois voir les parasols qui le recouvraient au cours de ses promenades,

Et je m’empresse d’aller à sa rencontre.

Hélas, seule je suis sous le ciel plein de brumes !

 

Plus je me rappelle sa physionomie, et plus mon cœur est déchiré;

Où est maintenant son visage auguste de dragon ?

Existe-t-il quelqu’un qui puisse revenir de l’au-delà

Pour me donner de ses nouvelles ?

 

Mais la mort nous a séparés définitivement,

Et cette pensée douloureuse me perce le cœur.

Nous n’avons pu achever notre hyménée en cette existence ;

Puissions-nous dans une autre brûler ensemble le feu et l’encens !

 

Quel triste temps ! le brouillard tombe, le vent siffle

Comme pour m’inciter à pleurer davantage sur ma solitude.

En me remémorant ses dernières paroles,

Les pleurs s’étouffent dans ma gorge, et quoiqu’éveillée je sombre dans le rêve.

 

Hélas, le printemps est envolé, et la fleur reste !

Comment dénouer l’écheveau de ma tristesse ?

J’ai voulu le suivre au tombeau

En me pendant à une poutre, ou en me jetant dans une rivière.

 

Mes deux enfants sont encore comme des œufs à peine éclos,

Et je ne puis les abandonner pour suivre l’appel de mon amour,

Condamnée que je suis à trainer une existence misérable,

Le corps encore vivant, mais l’âme déjà auprès du disparu.

 

Mon âme le suit tantôt sur l’ile des Immortels

Et tantôt sur la Voie Lactée,

De près ou de loin,

Du palais de cannelle à la source des fleurs . 1

 

Mais brusquement le chant du coq me réveille,

Rompant le charme du rêve.

Que ne continué-je à dormir

Pour parvenir à son séjour de diamant ?

 

Je me souviens avec ferveur du temps

Où nous fimes le serment de vivre et mourir ensemble,

Du temps où il me fit venir matin et soir

Pour me jurer un amour aussi durable que l’or et la pierre.

 

Pourquoi maintenant ce silence

Et cette solitude dont personne ne se soucie ?

Alors qu’autrefois j’étais toujours près de son trône

A contempler avec lui la lune et le vent qui emplissaient la cour, pendant qu’à l’étage ne cessait de résonner la musique.

 

Pourquoi faut-il que je sois maintenant séparée de lui

Sans pouvoir lui souhaiter bonjour chaque matin ?

Ma guitare est brisée au milieu d’une chanson

Pour me laisser seule avec mes petits orphelins.

 

Je regarde vers l’Est : des voiliers apparaissent

Sur la mer immense, sous le ciel nuageux.

Je regarde vers l’Ouest :

Rien que des montagnes élevées et des bois touffus.

 

Je regarde vers le Sud : des oies sauvages éparses.

Je regarde vers le Nord : une blancheur floue de brumes.

De quelque côté que je dirige mes regards,

Je ne puis discerner le chemin qui mène à sa demeure éternelle.

 

On pourrait être surpris de trouver dans ce poème les accents du profond amour de la princesse pour un rude soldat qu’elle avait épousé par devoir, pour sauver son père et son pays. Certainement, dans l’esprit de la jeune fille de seize ans, le prince charmant devait revêtir l’aspect d’un lettré élégant, et non celui de ce redoutable guerrier plus habile à décapiter des têtes qu’à réciter un poème.

 

Mais le fait est là : la douce princesse Ngọc Hân a aimé son mari Quang Trung d’un amour sincère, passionné, comme s’il eut été son Roméo, et non pas de l’amour respectueux qu’une impératrice devait à son auguste époux. L’explication de cette merveilleuse transformation réside d’une part dans la magnanimité de Nguyễn Huệ qui s’est efforcé de ménager autant que possible sa belle-famille. Il a non seulement épargné le vieil empereur Lê Hiển Tông, son beau-père, mais encore lui a remis le pouvoir usurpé par les Trịnh. Il l’a entouré de mille soins durant sa maladie, puis veillé à ce que ses funérailles eussent toute la pompe impériale désirable. Il a de même ménagé son beau-neveu l’empereur Lê Chiêu Thống, un jeune homme sans capacité, qui commit la faute de pratiquer une politique de défiance envers lui. Quand enfin, devant l’invasion chinoise appelée par Chiêu Thống, il se décida à supplanter la dynastie des Lê, il a autorisé les descendants de cette famille à conserver le culte de leurs aïeux. La princesse Ngọc Hân ne pouvait rester insensible devant tant de magnanimité.

 

D’autre part, l’amour de Ngọc Hân pour son époux cadrait bien avec la psychologie de l’amour viêtnamien qui était fondé essentiellement sur l’estime réciproque, l’admiration pour le conjoint, et non sur les penchants du cœur. Ngọc Hân, en épousant Nguyễn Huệ pour obéir à son père, devait aimer son époux et l’a aimé tout naturellement, d’abord par devoir, ensuite par admiration. Il faut convenir cependant que cette conception orthodoxe de l’amour était seulement en honneur dans les familles de lettrés. Nous verrons, dans la partie réservée à la littérature populaire, que les paysans d’autrefois, plus près de la nature, avaient déjà de l’amour une conception aussi impétueuse, aussi passionnelle que pourraient souhaiter les citadins les plus “évolués” d’aujourd’hui.

 



1 Le palais de cannelle : la lune, parce que l’image que montre celle-ci quand elle est pleine ressemble vaguement à un arbre, qui serait le cannelier, à bois parfumé.

La source des fleurs : la demeure des Immortels.

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