Đoàn Thị Điểm

21 Tháng Năm 20142:58 SA(Xem: 6899)


Đoàn Thị Điểm

(1705 – 1748)



La Complainte de la femme du geurrier (Chinh Phụ Ngâm) fut d’abord écrite en chinois vers 1740 par Đặng Trần Côn, licencié ès-lettres et préfet de Thanh Oai (province de Hà Đông). Séduite par la beauté de ce poème, une poétesse, Đoàn thị Điểm le traduisit en viêtnamien. Et, fait extraordinaire et probablement unique dans l’Histoire de la Littérature, la traduction s’est révélée plus belle que le texte original. Cette œuvre immortelle, écrite dans les années 1740, ouvre la voie à la prestigieuse renaissance littéraire de la seconde moitié du XVIIIè siècle. Aussi la plaçons-nous au début de ce chapitre.

On raconte sur Đặng Trần Côn et Đoàn Thị Điểm les annecdotes suivants :

-Etant encore un étudiant, Côn entendit partout vanter le talent de la poétesse Điểm, il composa un poème et le lui offrit, dans l’espoir d’en être bien reçu. Mais Mlle Điểm, après avoir lu le poème, sourit dédaigneusement : “Vous n’êtes encore qu’un tout petit élève, il vous faudra étudier longtemps encore pour devenir un poète.” Humilié, mais non découragé, Côn prit la résolution farouche d’effacer cette honte. Il travailla si bien qu’il fut reçu licencié, puis composa cette Complainte de la femme du guerrier qui força l’admiration de la dédaigneuse Đoàn Thị Điểm.

-Celle-ci était belle et douée d’un brillant talent littéraire dès son jeune âge. Tous les étudiants de la Capitale la recherchaient en mariage, mais elle les refusait tous, voulant choisir un mari digne d’elle. A la fin, elle dut accepter, à l’âge de 37 ans, d’épouser un veuf, Nguyễn Kiều, docteur ès-lettres. Quelques années après, Nguyễn Kiều partit en ambassade en Chine pour ne rentrer qu’en 1748. Il fut nommé sous-gouverneur de la province de Nghệ An, et y emmena sa femme. Le voyage pénible fut fatal à celle-ci, qui mourut en arrivant à la nouvelle résidence de son mari. La poétesse, comme l’héroïne de son immortelle Complainte, a vécu de longues années loin de son époux, et connu le sort des “femmes aux joues roses”.

Remarques

On pourrait dire que la Complainte de la femme du guerrier a été écrite pour refléter les misères de la guerre dont l’auteur fut témoin. En effet, autour des années 1740, le Việt Nam vivait une période de troubles graves, annonçant la pourriture du régime et sa chute lamentable dans moins de quarante ans plus tard :

Révolte de Ninh Xá de 1739 à 1741 à Hải Dương ;

Révolte de Ngân Già en 1740 à Sơn Nam ;

Révolte de Nguyễn Hữu Cầu de 1743 à 1751, tout le long des côtes ;

Revolte de Nguyễn Danh Phương de 1740 à 1750 à Việt Trì;

Revolte de Hoàng công Chất de 1740 à 1761 à Hưng Hoá;

Revolte de lê Duy Mật de 1738 à 1769 à Trấn Nonh, etc . . .

Mais, si le poète s’est inspiré des évènements contemporains pour composer son poème, il ne les a pas décrits en témoin oculaire. Au contraire, c’est dans les réminicences littéraires chinoises qu’il est allé chercher ses images. Aussi bien, il ne s’agit pas ici d’un guerrier bien déterminé, mais du guerrier en général, du guerrier de tous les temps. Et nous ne serons plus étonnés de voir ce guerrier vagabonder du Nord au Sud, des déserts de l’Ouest aux rivages de l’Est, mieux que cela, être tantôt du temps des Hán, tantôt des Tần.

Cette complainte n’est donc pas une histoire épique, à la manière de l’Ililade ou de l’Odyssée, mais simplement une chanson qui exprime les sentiments éternels des femmes séparées de leurs époux partis en guerre. C’est un très long poème de plusieurs centaines de vers dont chacun est digne d’être cité. Nous nous bornerons à en reproduire ici quelques passages seulement .

Lệnh xuất chinh

Thủa trời đất nổi cơn gió bụi,

Khách má hồng nhiều nỗi truân chiên.

Xanh kia thăm thẳm từng trên,

Vì ai gây dựng cho nên nỗi này.

Trống Tràng thành lung lay bóng nguyệt.

Khói Cam tuyền mờ mịt thức mây.

Chín tầng gươm báu trao tay,

Nửa đêm truyền hịch đợi ngày xuất chinh.

Nước Thanh bình ba trăm năm cũ.

Áo nhung trao quan vũ từ đây.

Sứ trời sớm dục đường mây,

Phép công là trọng, niềm tây sá nào.

Đường rong ruổi lưng đeo cung tiễn,

Buổi tiễn đưa lòng bận thê noa.

Bóng cờ tiếng trống xa xa,

Sầu lên ngọn ải oán ra cửa phòng.

Chàng tuổi trẻ vốn giòng hào kiệt,

Xếp bút nghiên theo việc đao cung.

Thành liền mong tiến bệ rồng,

Thước gươm đã quyết chẳng dung giặc trời.

Chí làm trai dặm nghìn da ngựa,

Gieo Thái sơn nhẹ tựa hồng mao.

Giã nhà đeo bức chiến bào,

Thét roi cầu Vỵ ào ào gió thu.

L’ordre du départ.

Lorsque le vent et la poussière s’élèvent en tourbillons

Combien infortunées sont les femmes aux joues roses !

O Souverain qui regnez dans le ciel azuré,

Pourquoi vous amusez-vous à créer ces malheurs ?

Le tambour de la Grande Muraill fait trembler l’ombre de la lune,

Et la fumée de la montagne Cam Tuyền obscurcit les nuages.

L’Empereur, confiant son épée à un general,

Lui donne à minuit l’ordre de faire avancer les troupes au front.

Depuis trois cents ans l’empire a vécu dans la paix,

À partir de maintenant, le pouvoir passe aux militaires.

Les envoyés impériaux se hâtent sur le chemin de nuages,

Pour faire respecter la loi, et mettre de côté les sentiments particuliers.

Sur les routes on ne voit que des conscrits armés d’arcs et de flèches,

Mais le cœur déchire par les adieux de leurs femmes et enfants.

Les drapeaux flottent, les tambours résonnent,

La trittesse monte vers la frontière, la douleur s’exhale des chambres.

Mon époux, jeune descendant d’héroïque ancêtres,

A rangé son pinceau et son encrier pour prendre l’épée et l’arc.

Dans l’espoir d’offrir au trône des citadelles à la file,

Il s’est jure de ne pas épargner l’ennemi sous son épée flamboyante.

Mourir à mille lieues du village natal, le cadavre enveloppé dans une peau de cheval: tel est son rêve !

Sa vie précieuse, plus lourde que la montagne Thái, il la jette au vent telle une plume d’oiseau !

Enveloppé dans son manteau de guerre, il me quitte,

Fouette son cheval, et se lance sur le pont de Vỵ que bat furieu-sement le vent d’automne.

Lúc biệt ly

Ngòi đầu cầu nước trong như lọc,

Đường bên cầu cỏ mọc còn non.

Đưa chàng lòng dặc dặc buồn,

Bộ khôn bằng ngựa, thủy khôn bằng thuyền.

Nước trong chẩy dạ phiền chẳng rửa,

Cỏ xanh thơm lòng nhớ khó quên.

Nhủ rồi tay lại trao liền,

Bước đi một bước lại vin áo chàng.

Lòng thiếp tựa bóng trăng theo dõi,

Dạ chàng xa ngoài cõi thiên sơn.

Múa gươm ruợu tiễn chưa tàn,

Chỉ ngang ngọn giáo vào ngàn hang beo.

Chàng thì đi cõi xa mưa gió,

Thiếp thì về buồng cũ gối chăn.

Đoái trông theo đã cách ngăn,

Tuông mầu mây biếc, trải ngàn núi xanh.

Chốn Hàm Dương chàng còn ngoảnh lại,

Bến Tiêu Tương thiếp hãi trông sang.

Khói Tiêu Tương cách Hàm Dương,

Cây Hàm Dương cách Tiêu Tương mấy trùng.

Cùng trông lại mà cùng chẳng thấy,

Thấy xanh xanh những mấy ngàn dâu.

Ngàn dâu xanh ngắt một mầu,

Lòng chàng ý thiếp ai sầu hơn ai ?

La séparation

Sous le pont, l’eau était limpide ;

Près du pont, le gazon était tendre.

Je vous reconduisais, et mon coeur se serrait de tristesse,

Que ne pouvais-je me transformer en cheval pour vous accompagner à terre, en barque pour vous accompagner sur l’eau !

L’eau limpide ne saurait laver mon chagrin,

Le gazon parfumé ne saurait faire oublier votre souvenir.

Je vous parlais, je vous pressais la main,

A chaque pas je me serrais à votre habit.

Mon cœur vous suivait partout comme la lune,

Mais le vôtre s’envolait déjà vers les montagnes lointaines.

Le banquet d’adieu n’était pas achevé

Que déjà vous brandites votre épée pour vous lancer dans la tanière des tigres. 1

Vous avez pénétré depuis dans la région lontaine des pluies et du vent,

Et je suis rentrée dans notre chambre, seule avec nos oreillers et notre couverture.

Mille obstacles vous cachent désormais à ma vue :

Les flocons azurés des nuages, et l’étendue verte des montagnes.

Arrivé à Hàm Dương, vous regardâtes en arrière,

Restée à Tiêu Tương, je regardai en avant.

Hélas ! les brumes de Tiêu Tương ne pouvaient être vues de Hàm Dương,

Ni les arbres de Hàm Dương du bac de Tiêu Tương.

Nous nous regardions l’un vers l’autre sans nous appercevoir :

Nous ne voyions rien que l’immensité verte des champs de murier.

Les champs de murier désespérément étendaient leur verdure

Entre votre tritesse et la mienne ; mais laquelle des deux était la plus profonde ?

Những nỗi vất vả của người chinh phu

Chàng từ đi vào nơi gió cát,

Đêm trăng này nghỉ mát phương nao ?

Xưa nay chiến địa nhường bao ,

Nội không muôn dặm, xiết bao dãi dầu !

Hơi gió lạnh, người rầu mặt dạn,

Giòng nước sâu, ngựa nản chân bon.

Ôm yên gối trống đã chồn,

Nằm vùng cát trắng, ngủ cồn rêu xanh.

Sương đầu núi buổi chiều như giội,

Nước lòng khe nẻo suối còn sâu.

Não người áo giáp bấy lâu,

Lòng quê qua đó, mặt sầu chẳng khuây.

Hồn tử sĩ gió ù ù thổi,

Mặt chinh phu trăng dõi dõi soi.

Chinh phu tử sĩ mấy người,

Nào ai mạc mặt, nào ai gọi hồn ?

Dấu binh lửa nước non như cũ,

Kẻ hành nhân qua đó chạnh thương.

Phận trai già ruổi chiến trường,

Chàng Siêu mái tóc điểm sương mới về.

Tưởng chàng trải nhiều bề nắng nỏ,

Ba thước gươm một cỗ nhung yên.

Xông pha gió bãi trăng ngàn,

Tên reo đầu ngựa, giáo lan mặt thành.

La vie périlleuse du guerrier

Dans le désert de sable où vous vous êtes aventuré,

Par cette nuit de lune, où vous reposez-vous ?

Combien terrifiant doit être un champ de bataille

Immense sur dix mill lieues, exposé à toutes les intempéries.

Le vent froid vous fouette au visage,

Votre cheval n’en peut plus de s’enfoncer dans les torrents profonds.

Fatigué, vous prenez votre tambour en guise d’oreiller et votre selle en guise de couverture.

Pour vous étendre sur le sable blanc ou sur un bas-fond de mousse verte.

La brume du soir semble pleuvoir sur les sommets des montagnes,

L’eau des sources bouillonne dans les profonds ravins.

Combien à plaindre sont les soldats recouverts d’armures !

Sur leurs visages mélancoliques se lit une immense nostalgie.

Les âmes errantes des morts rugissent dans le vent lugubre

Et les visages des vivants pâlissent sous le clair de lune.

Guerriers vivants et guerriers morts,

Qui viendra là pour dessiner vos traits, ou pour évoquer vos âmes ?

Quand la guerre aura fin et que les monts et les fleuves auront recouvré leur ancien aspect,

Le voyageur, passant par là, ne pourra s’empêcher d’avoir le cœur serré.

Le destin de l’homme est-il de passer la vie sur les champs de bataille,

Tel ce Ban Siêu qui n’est revenu chez lui qu’avec des cheveux blancs comme saupoudrés de givres ? 1

Et je pense à vous qui devez poursuivre votre carrière

Avec une épée longue de trois pieds et une selle de velours.

A travers les plaines fouettées par le vent et les montagnes illuminées de lune, vous vous aventurez

Au milieu des flèches qui sifflent au-dessus de la tête de votre cheval et des lances qui s’entrechoquent sur la crête des murailles.

Cảnh cô đơn của chinh phụ

Gà eo óc gáy sương năm trống,

Hòe phất phơ rủ bóng bốn bên.

Khắc giờ đằng đẵng bấy niên,

Mối sầu dằng dặc tựa miền bể xa.

Hương gượng đốt hồn đà mê mải,

Gương gượng soi lệ lại chứa chan.

Sắt cầm gượng gẩy ngón đàn,

Dây uyên kinh đứt, phiếm loan ngại ngùng.

Trời thăm thẳm xa vời khôn thấu,

Nỗi nhớ chàng đau đớn nào xong.

Cảnh buồn người thiết tha lòng :

Cành cây sương đượm tiếng trùng mưa phun.

Vài tiếng dế, nguyệt soi trước ốc,

Một hàng tiêu, gió thốc ngoài hiên.

Lá màn lay ngọn gió xuyên,

Bông hoa theo bóng nguyệt lên trước rèm.

La solitude de la femme du guerrier

Chaque nuit j’entends le coq annoncer lugubrement les cinq veilles,

Et je vois l’ombre oscillante des arbutes qui se penchent sur les quatre côtés.

Oh ! Combien d’années déjà ces pénibles heures d’insomnie ont duré !

Mon chagrin est immense comme la mer lointaine.

Si j’essaie de brûler du santal, mes esprits chavirent aussitôt,

Si j’essaie de me regarder dans le miroir, des larmes inondent mes yeux.

Voudrais-je jouer de la musique

Que les cordes se cassent ou se détendent sous mes doights.

Le Ciel est trop loin pour comprendre ma douleur ;

Jusqu’à quand va-t-elle encore durer ?

Autour de moi, la tristesse du paysage ne fait que l’aviver :

Les branches d’arbres chargées de rosée, et la pluie où se mêle la plainte des insectes.

Devant la maison éclairée par la lune, éclatent quelques cris du grillon ;

Sur la vérandha où souffle le vent, se profile l’ombre de quelque bananiers.

Le rideau de ma chambre tremble sous le vent qui s’engouffre,

Et sur le store avance l’ombre des fleurs avec la lune.

Hy vọng đoàn tụ

Bóng kỳ xí đã ngoài quan ải,

Tiếng khải ca trở lại thần kinh.

Đỉnh non bia đá đề danh,

Triều thiên vào trước cung đình dâng công.

Xin vì chàng xếp bào cởi giáp,

Xin vì chàng giũ lớp phong sương.

Vì chàng tay chuốc chén vàng,

Vì chàng điểm phấn đeo hương não nùng.

Mở khăn lệ chàng trông từng tấm,

Đọc thơ sầu, chàng thấm từng câu ;

Câu vui đối với câu sầu,

Rượu khà cùng kể trước sau mọi lời.

Sẽ rót vơi lần lần từng chén,

Sẽ ca dần ren rén từng thiên ;

Liên ngâm đối ẩm đòi phen,

Cùng chàng lại kết mối duyên đến già.

L’espoir de la réunion

Un jour viendra où les étendards quitteront les forteresses des frontières,

Où le chant de la victoire retentira sur le chemin de retour vers la Capitale ;

Sur le sommet des montagnes, une stèle de pierre gardera votre nom glorieux,

Et vous viendrez exposer devant l’Empereur le récit de vos exploits.

Alors, pour vous servir, je vous débarasserai de votre armure,

Et j’en ferai tomber la couche de poussière et de rosée qui la recouvre.

A vous, j’offrirai un gobelet d’or rempli d’alcool,

Et pour vous, je me parfumerai et me farderai délicieusement.

Je vous montrerai un à un les mouchoirs remplis de mes larmes,

Et les poèmes empreints de ma douleur, dont vous lirez un à un les vers.

Mes paroles joyeuses se mêleront aux paroles tristes,

Et nous boirons ensemble en nous racontant nos souvenirs.

Ensemble nous viderons une à une les coupes d’alcool,

Ensemble nous chanterons un à un des couplets d’amour.

Nous chanterons et nous boirons face à face,

Pour renouer notre amour jusqu’à la veillesse.


1 Ban Siêu (Ban Chao 班超): général chinois sous la dynastie des Hán (Han 漢). A guerroyé 31 ans contre les “Barbares” avant de rentrer, les cheveux tout blancs, à son village natal.

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