Chapitre V: De 1740 Au Début Du Xixè Siècle

21 Tháng Năm 20142:56 SA(Xem: 6460)

Ce fut l’époque la plus troublée de l’Histoire du Việt Nam. En l’espace de quelques décades, se succédèrent sans interruption des soulèvements populaires, des rébellions militaires, des coups d’Etat, et, pour couronner le bouquet, des guerres entre Nord et Sud amenant trois changements de dynasties, sans compter une invasion chinoise. Voici quelques dates qui nous serviront de repère :

- En 1771, soulèvement des Tây Sơn dans le royaume du Sud.

- Les Trịnh en profitèrent pour s’emparer en 1774 de la capitale Phú Xuân des Nguyễn qui s’enfuirent en Cochinchine.

- Nguyễn Nhạc, chef des Tây Sơn, se soumit d’abord aux Trịnh pour avoir les mains libres au Sud, puis se proclama empereur en 1778 au centre Việt Nam.

- Nguyễn Huệ, son frère cadet, envahit en 1786 le Phú Xuân puis tout le royaume du Nord. Le shogunat des Trịnh fut détruit, mais les Tây Sơn s’en retournèrent au Sud en laissant les Lê continuer à régner sur le royaume du Nord.

- Retour offensif des Tây Sơn en 1787. Le dernier empereur Lê appela à son aide les Chinois qui envahirent le Việt Nam en 1788.

- Nguyễn Huệ, qui avait des démêlés avec son frère ainé Nguyễn Nhạc, se proclama empereur et se porta au Nord pour écraser les Chinois dans une campagne fulgurante en Février 1789.

- Nguyễn Huệ mourut précocement en 1792, laissant la couronne à son fils Nguyễn Quang Toản qui sera vaincu par Nguyễn Ánh, rejeton des seigneurs Nguyễn, en 1802.

De ce cataclysme national où ont sombré les institutions politiques et sociales, la littérature a subi un choc violent.

Les écluses morales qui l’endiguaient sautèrent, et de froide, compassée, académique, elle devint tumultueuse, passionnée, pour faire vibrer les fibres les plus profondes du coeur humain, ou au contraire satirique, méchante, grivoise, pour railler cette société décadente. De l’excès même du malheur naît aussi l’héroïsme. Et les poèmes les plus émouvants de patriotisme n’ont pas manqué dans la tourmente qui engloutit les familles Lê-Trịnh.

Ainsi, conséquence heureuse d’un concours tragique de circonstances historiques, le déclin politique et moral de la fin du XVIIIè siècle a suscité une éclosion extraordinaire de la littérature, et particulièrement de celle en nôm qui, après plusieurs siècles de tâtonnements et d’efforts ininterrompus, a fini par acquérir une souplesse et une richesse que la littérature en chinois, malgré tout étrangère au génie de la race, ne saurait atteindre.

Une autre raison pourrait contribuer à expliquer ce magnifique épouissement de la littérature, c’est le fait que les lettrés, leur caste tombée en ruines, n’ont plus pu se tenir dans le splendide isolement de leur tour d’ivoire, et se sont tournés vers le peuple. Ils ont appris à renoncer à leurs anciennes méditations d’aristocrates, toutes calquées sur les clichés archiusés, pour puiser leur inspiration dans le spectacle vivant et douloureux de la société qu’ils avaient sous les yeux. Et c’est ce retour vers les sources profondes de la vie, de l’esprit de la race qui a déclenché ce magnifique essor de la littérature viêtnamienne qui continue jusqu’à nos jours. Nous pourrions presque dire que jusqu’à la seconde moitié du XVIIIè siècle, les lettrés viêtnamiens pensaient et sentaient à travers les gens et les choses de leur pays. Leurs œuvres, écrites d’ailleur le plus souvent en chinois, méritaient plainement le nom de “littérature savante” en ce qu’elles traduisaient seulement l’état d’âme d’une caste privilégiée de la société. Mais à partir de 1740 environ, il y a eu un brassage violent des classes de la société, et la littérature, democratisée par le nôm qui a détrôné le chinois, est devenue véritablement nationale.

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