Chapitre II: Observations Psychologiques

21 Tháng Năm 201412:34 SA(Xem: 6714)

Le Vietnamien, très perspicace, s’observe, observe les autres et les lois

qui régissent la vie sociale, le tout à travers une optique effroyablement clairvoyante, réaliste jusqu’à devenir matérialiste. Il est à remarquer que la plupart de ces observations psychologiques renferment implicitement un précepte de morale utilitaire. Par exemple le proverbe suivant qui met les gens en garde contre la vanité :

Được tiếng khen

Ho hen chẳng còn

À vouloir gagner des éloges

On perd son souffle.

peut être considéré comme une observation aussi bien qu’un conseil.

 

 

Cela étant entendu, la principale difficulté qu’on rencontre dans l’étude des observations psychologiques est leur nombre immense et leur contenu infiniment varié qui touche à tous les sujets. Après réflexion, nous avons adopté la classification suivante, qui n’est certainement pas la meilleure, mais qui a au moins le mérite d’être assez claire :

1. le coeur humain

2. les rapports entre les membres de la société

3. les travers des hommes

4. les lois qui régissent la vie sociale.

 

 

Section I . Du coeur humain

 

 

Vivant dans un milieu très simple, dont les essentielles préoccupations sont les travaux agricoles, la paix dans la famille et dans le hameau, l’homme du peuple ne peut pas être un psychologue bien subtil. Il est pourtant doué d’un solide bon sens, qui lui fait découvrir les grandes lois du coeur humain.


Il est d’abord convaincu que la raison fonctionne pareillement chez tous les hommes, et que ce qui plaît ou déplaît aux uns doit aussi plaire ou déplaire aux autres :

118. Suy bụng ta ra bụng người

De ce que nous pensons, nous pouvons déduire ce que les autres pensent.

 

 

119. Bụng trâu làm sao, bụng bò làm vậy

Comment est le ventre du buffle, celui du boeuf l’est aussi.

 

 

Il sait encore que les fugements qu’on forme sont souvent entachés de subjectivité :

120. Yêu nên tốt, ghét nên xấu

On trouve beau ce qu’on aime, et laid ce qu’on déteste.

 

 

qu’il est vain de vouloir satisfaire tout le monde :

121. Ai uốn câu cho vừa miệng cá

Qui saurait courber l’hameçon à la mesure de la bouche du poisson ?

 

 

que le coeur est souvent inconstant :

122. Có mới nới cũ

En possession d’un objet neuf, on néglige l’ancien.

 

 

123. Yêu nhau lắm, cắn nhau đau

Plus on s’aime, et plus douloureusement on se déchirera.

 

 

124. Đứng núi này trông núi nọ

Etant sur une montagne, on regarde vers une autre.

 

 

125. Được voi đòi tiên

Qui a l’éléphant convoite l’immortelle.

 

 

que le malheur rend compatissant :

126. Ăn nhạt mới biết thương mèo

À faire maigre, on apprend à avoir pitié des chats.

(Ces animaux, qui sont friands de poisson, sont souvent exclusivement nourris de riz)


qu’enfin la nécessité contraint les hommes à faire des choses que leur coeur désapprouve :

127. Đói đầu gối phải bò

Quand le ventre est vide, les genoux doivent ramper.

 

 

Section II. Des rapports sociaux a) Entre parents et enfants

On sait que pour les Vietnamiens, dont la religion principale est le culte des ancêtres, avoir des enfants est un devoir que seuls les bonzes osent enfreindre :

Bất hiếu hữu tam, vô hậu vi đại

Des trois crimes d’impiété filiale, le plus grave est celui de mourir sans postérité.

 

 

Quelles peuvent bien être les raisons de cette préoccupation ? Eco- nomiques, pour ne pas laisser le domaime familial en friches ? Politiques, pour rendre la nation puissante avec une nombreuse population ? Religieuses, pour que les âmes des morts n’errent pas désemparées dans le Royaume des Ombres ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas au Vietnam d’hier ni même d’au- jourd’hui que la pratique du contrôle des naissances sera accueillie :

128. Có con tội sống

Không con tội chết

Avoir des enfants, c’est le martyre pendant la vie

(à cause des soucis qu’ils occasionnent)

Mais n’avoir pas d’enfant, c’est le supplice après la mort. (car on n’aura personne pour entretenir son culte)

 

 

129. Trẻ cậy cha

Già cậy con

Jeune, on s’appuie sur son père ; Vieux, on est soutenu par ses enfants.

 

 

130. Tre già măng mọc

Quand le bambou vieillit, les jeunes pousses apparaissent.


Les parents Vietnamiens, on l’a vu, ne témoignaient pas à leurs enfants cette tendresse excessive qu’ont pour les leurs les Occidentaux, et qui tend d’ailleurs à entrer dans nos mœurs modernes, mais leur amour paternel et maternel n’en était pas moins solide :

131. Con vua vua dấu

Con chúa chúa yêu

Le roi chérit ses enfants, Le prince les siens.

 

 

132. Con đầu cháu sớm

Le premier enfant et le premier petit-enfant.

(sont les favoris des parents et des grands-parents)

 

 

133. Nước mắt chẩy suôi

Les larmes coulent vers le bas.

(L’affection va des parents aux enfants, mais rarement des enfants aux parents)

 

 

134. Hùm dữ chẳng nỡ ăn thịt con

Même le tigre féroce ne dévore pas ses petits.

(Même si l’enfant commet une grande faute, les parents n’ont pas le coeur de le punir)

 

 

135. Chết cha ăn cơm với cá

Chết mẹ lá liếm đầu đường

L’orphelin de père peut encore manger du riz avec du poisson

Mais l’orphelin de mère est réduit à lécher des feuilles au bord du chemin. (La tendresse maternelle est plus grande que la tendresse paternelle)

 

 

surtout à l’égard des garçons qui seuls peuvent assurer le culte des ancêtres :

136. Một trai là có

Mười gái là không

Avoir un fils, c’est avoir une descendance

Qui serait même avec dix filles.


De leur côté, les enfants entouraient généralement de soins pieux leurs vieux parents, même et surtout si ceux-ci étaient pauvres :

137. Con không chê cha mẹ khó

Chó không chê chủ nhà nghèo

Les enfants ne se plaignent pas d’avoir des parents nécessiteux

Comme les chiens ne se plaignent pas d’appartenir à des maîtres pauvres.

 

 

L’observateur perspicace notait cependant que la piété filiale était loin d’égaler la tendresse paternelle, ce qui n’était après tout qu’une loi du coeur humain :

138. Cha mẹ nuôi con bằng trời bằng bể

Con nuôi cha mẹ con kể từng ngày

 

 

Immenses comme le ciel et la mer sont les soins donnés par les parents à leurs enfants,

Mais ceux-ci comptent par jour ceux qu’ils donnent à leurs parents.

 

 

b) Entre mari et femme

 

 

Bien qu’en général décidés par les parents et non par les intéressés eux- mêmes, les mariages vietnamiens ne laissaient pas de se révéler heureux pour la plupart. L’amour n’en était pas forcément absent, et à son défaut, l’estime réciproque et le sentiment du devoir en formaient une base autrement plus solide :

 

 

139. Thuận vợ thuận chồng

Tát bể đông cũng cạn Quand l’accord règne entre époux L’océan même peut être vidé aisément.

 

 

Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’unions malheureuses dont nous percevons les échos attristés dans les soupirs suivants :

140. Cơm chẳng lành

Canh chẳng ngọt

Dans un ménage en discorde Le riz ne parait jamais bien cuit Ni le potage bien assaisonné.


 

 

141. Thứ nhất vợ dại trong nhà

Thứ hai nhà dột, thứ ba nợ đòi.

Le premier ennui est d’être marié à une femme sotte,

Le second est d’habiter une maison dont le toit laisse suinter l’eau de pluie

Le troisième est d’être poursuivi pour dette.

 

 

142. Chồng ăn chả

Vợ ăn nem

Tandis que le mari mange du pâté

La femme s’offre du hachis de viande.

 

 

Nous exposerons plus tard la position de la femme dans la société vietnamienne quand nous aurons pris connaissance des chansons et des contes. Pour le moment, contentons-nous de constater que cette position était très consolidée par la naissance d’enfants :

143. Gái có con

Như bồ hòn có rễ

La femme qui a des enfants

Est comme le savonnier qui a pris racine.

 

 

et que les maris rendaient volontiers justice à leur épouses :

144. Vắng đàn bà

Gà bới bếp

Quand la ménagère n’est pas là

Les poules farfouillent dans la cuisine.

 

 

 

 

145. Vắng trẻ quạnh nhà

Vắng đàn bà quạnh bếp

Sans enfants, la maison est triste

Sans ménagère, la cuisine est déserte.

 

 

c) Entre les membres de la grande famille


plutôt qu’à en reconnaître le bon. Aussi ne faut-il pas attacher trop d’im- portance aux frictions qui existaient certainement dans la famille viet- namienne, mais qui n’y étaient pas plus fréquentes ni plus graves que dans n’importe quelle autre société.

 

 

C’était d’abord l’égoïsme qui détournait les riches de leurs frères ou cousins pauvres :

146. Anh em ai đầy nồi nấy

À chacun des frères sa marmite de riz

 

 

147. Giầu là họ

Khó người dưng

Sont de la famille les riches

Sont des étrangers les indigents.

 

 

C’était aussi l’antipathie entre belles-soeurs, antipathie qui s’expliquait par la cohabitation de plusieurs ménages sous le même toit, et qui a disparu avec les nouvelles mœurs obligeant le garçon qui se marie à fonder un foyer à part :

148. Giặc nhà Ngô Không bằng bà cô bên chồng Les pirates chinois

Sont moins redoutables que les soeurs du mari.

 

 

d) Entre patrons et employés

 

 

Nous aurions aussi voulu pouvoir dire que les proverbes relatifs aux rapports entre patrons et employés étaient dictés par la malice plus que par une impartiale observation. Mais, à notre grand regret, nous sommes obligé de reconnaître que si les serviteurs de la maison, les domestiques, servaient leurs patrons avec dévouement et affection, il n’en était pas de même des employés engagés pour un travail particulier, la construction d’une maison ou la moisson d’une récolte, par exemple. Alors que les premiers se considéraient et étaient considérés comme faisant partie de la famille de leurs patrons qu’ils servaient parfois durant toute leur vie, les seconds ne cherchaient qu’à tricher le plus ingénieusement possible dans un marché où ils se croyaient exploités.


surveiller, d’où ces proverbes sévères :

149. Cơm nhà chúa

Múa tối ngày

Tout en mangeant du riz de leur patron, Les employés dansent nuit et jour.

 

 

150. Vắng chúa nhà

Gà vọc niêu tôm

Quand le maître est absent

Les poules farfouillent dans la marmite aux crevettes.

 

 

Section III. Les travers des hommes

 

 

Le Vietnamien est volontiers moqueur. Historiquement, on pourrait interpréter cette tendance comme l’arme des opprimés, car l’homme du peuple de chez nous n’a cessé d’être opprimé, soit administrativement par les man- darins, sans compter les gouverneurs chinois et français, soit économi- quement par les propriétaires et les usuriers. Les chansons et les contes que le lecteur trouvera plus loin illustreront en abondance cette particularité de l’esprit vietnamien.

 

 

Dans le domaine des proverbes, les travers humains font aussi l’objet de railleries innombrables. Pour en clarifier l’exposé, nous allons les classer en deux catégories :

 

 

Les travers qui proviennent surtout de la sottise : vanité, vantardise, pré- somption, snobisme, la besace et enfin la paresse ; ceux, plus graves, qui dérivent de la méchanceté: hypocrisie, cynisme, médisance, égoïsme et ingratitude.

 

 

a) La sottise et ses différents aspects

 

 

La sottise est le défaut que le paysan vietnamien, émule du paysan du

Danube, raille le plus volontiers.

 

 

Voici d’abord quelques portraits du sot :


Il ne sait même pas écraser un grain de riz entre ses dents.

 

 

152. Đơm đó ngọn tre

Il pose ses nasses au sommet des bambous.

 

 

153. Bịt mắt bắt chim

Il veut attraper des oiseaux en ayant les yeux bandés.

 

 

154. Khôn nhà dại chợ

Sage à la maison, sot au marché.

 

 


Le vaniteux :


 

155. Con nhà lính Tính nhà quan Fils de soldat

Il se conduit comme un fils de mandarin.


 

 

156. Húng mọc tía tô cũng mọc

À voir la menthe pousser, la mélisse veut aussi pousser.

(La menthe est une plante très estimée, alors que la mélisse est sans valeur)

 

 

Le vantard :

157. Nói ba voi không được bát nước sáo

Il promet trois éléphants, desquels on n’obtiendra même pas un bol de bouillon.

 

 

158. Nói một tấc đến giời

Ses vantardises vont à un pouce du ciel.

 

 

159. Trong đom đóm, ngoài bó đuốc Dedans, c’est la pâle lueur d’un ver luisant, Dehors, c’est la brillante clarté d’une torche.

 

 

Le présomptueux :

160. Đánh trống qua cửa nhà sấm


 

 

161. Múa rìu qua mắt thợ

Il se permet de brandir le rabot devant le maitre menuisier.

 

 

2 Đũa mốc chòi mâm son

Voyez-vous ces baguettes de mauvais bois qui se hissent sur un plateau de bois laqué ?

 

 

163. Ăn mày đòi sôi gấc

Mendiant, il réclame du riz gluant cuit au momordica !

 

 

Le snob :

164. Bụt nhà không thiêng lại đi cầu Thích Ca ngoài đường On dédaigne le Bouddha de chez soi pour aller adorer le Bouddha de la rue.

 

 

 

 

165. Gánh vàng đi đổ sông Ngô

Jeté de l’or dans les fleuves de Chine.

 

 

Celui qui ne voit que les défauts des autres :

166. Chân mình thì lấm mê mê

Đi cầm bó đuốc mà rê chân người.

Les pieds tout crottés,

Il ose aller inspecter ceux des autres avec une torche.

 

 

167. Chó chê mèo lắm lông

Le chien critique le chat pour ses nombreux poils.

(alors que tous les deux sont affligés d’un pelage surabondant)

 

 

168. Việc người thì sáng

Việc nhà thì quáng

Tel qui est claivoyant sur les affaires d’autrui

Est souvent aveugle quant à ses propres affaires.

 

 

Le paresseux :


Il ne peut donc souffir les paresseux qui vivent à la remorque des autres. Voici comment il les fustige :

169. Há miệng chờ sung

Il ouvre la bouche et attend que les figues y tombent d’elles mêmes.

 

 

170. Ăn như thuyền chở mã

Làm như ả chơi trăng

Quand il mange, c’est comme une jonque chargée de papier votif

(en très grand quantité, à cause de sa légèreté)

Mais quand il s’agit de travailler, c’est comme une demoiselle qui s’en va promener au clair de lune.

(c’est-à-dire indolemment)

 

 

171. Người giầu tham việc

Thất nghiệp tham ăn

Le riche pense à bien travailler

Le fainéant ne songe qu’à bien manger. b) La méchanceté et ses différents aspects L’hypocrite et le cynique :

Si le lettré apprécie les belles phrases savamment tournées, l’homme du peuple, plus franc, les prend en horreur. Et l’hypocrite est durement traité par lui :

172. Miệng thơn thớt

Dạ ớt ngâm

Bouche doucereuse

Mais coeur méchant comme macéré de piment.

 

 

173. Thương miệng thương môi

Thương miếng sôi miếng thịt

Ses condoléances ne partent que de sa bouche et de ses lèvres, C’est pour le morceau de riz gluant et de viande qu’il les prononce.


En sens inverse, le cynisme n’a pas non plus l’heur de lui plaire. Autant il déteste la fausse vertu, autant il se méfie des gens qui offensent la vertu outrageusement :

174. Cố đấm ăn sôi

Il tend son échine aux coups pour obtenir un peu de riz gluant. Le médisant :

De caractère simple et doux, l’homme du peuple fuit comme de la peste les médisants, cette plaie des sociétés trop raffinées :

175. Lưỡi không xương nhiều đường lắt léo

La langue qui n’a pas d’os souvent se contorsionne.

 

 

176. Lưỡi mềm độc quá đuôi ong

Toute souple qu’elle soit, la langue est plus dangereuse que l’aiguillon de l’abeille.

 

 

L’égoïste :

 

 

Nous avons vu que l’homme du peuple, par prudence, est volontiers égoïste. Il n’en reste pas moins écoeuré de la laideur de ce vice, quand il l’observe chez les autres :

177. Chưa qua cầu đã cất dịp

Il n’a pas franchi le pont qu’il en enlève les travées .

 

 

178. Giầu điếc sang đui

Les riches n’ont pas d’oreilles et les puissants pas d’yeux.

 

 

L’ingrat :

 

 

Mais surtout l’ingratitude qui excite le plus l’indignation de l’homme du peuple, qui n’arrive pas à comprendre cette noirceur :

179. Ăn cháo đái bát

Il pisse sur le bol dans lequel il vient de manger la soupe.

 

 

180. Ăn sung ngồi gốc cây sung

Ăn rồi lại ném tứ tung ngũ hoành


Voyez –vous celui-là qui, assis au pied d’un figuier,

Après en avoir mangé à satiété les fruits, les jette de tous côtés ?

 

 

181. Có bát sứ phụ tình bát đàn

Aussitôt qu’il a la vaisselle de porcelaine, il dédaigne la vaisselle de terre.

 

 

182. Được chim bẻ ná

Được cá quên nơm

À peine a-t-il pris l’oiseau qu’il brise son arbalète, À peine a-t-il pris le poisson qu’il oublie sa nasse.

 

 

183. Khỏi rên quên thầy

Il oublie le médecin dès que ses douleurs cessent.

 

 

Section IV. Les lois qui régissent la vie sociale

 

 

Comment l’homme du peuple voit-il le monde ? Le trouve-t-il bien fait, conforme aux préceptes moraux enseignés par les sages ? La vertu y est-elle toujours récompensée et la méchanceté toujours punie ? Devant ce grand problème, à la fois métaphysique et pratique l’homme du peuple a trois attitudes :

 

 

Imprégné de culture confucianiste et bouddhique, il croit d’abord à la loi de causalité : il y a une justice immanente qui fait naître le bien du bien et le mal du mal.

 

 

Mais comme il n’est pas un sot, il ne peut s’empêcher de constater que la lutte pour la vie est très dure, et que le succès va parfois aux violents, aux rusés, aux riches, et pas toujours aux vertueux.

 

 

Enfin, il lui reste toujours la ressource de se refugier dans la philosophie du faible : se consoler en se disant que la fortune est passagère et périlleuse :

 

 

a) Loi de causalité :

 

 

Généralité de la loi :


 

 

184. Ăn mặn khát nước

À manger salé, on a soif.

 

 

185. Cây thẳng bóng ngay

Cây nghiêng bóng vạy

À arbre droit, ombre droite

À arbre tordu, ombre tordue.

 

 

Apllication à l’hérédité :

186. Con nhà tông chẳng giống lông cũng giống cánh

Les enfants de bonne famille ressemblent toujours à leurs ascendants, sinon par leurs plumes, du moins par leurs ailes.

(L’homme de valeur est comparé à un oiseau qui s’élance dans le ciel)

 

 

187. Rau nào sâu ấy

À chaque légume son ver.

 

 

Application à la vertu et au vice :

188. Ác giả ác báo

Le méchant aura une méchante fin.

 

 

189. Ở hiền gập lành

La vertu est toujours récompensée.

 

 

190. Đường đi hay tối

Nói dối hay cùng

À force de marcher, on finit par atteindre la nuit ; À force de mentir, on finit par se démentir.

 

 

191. Khôn ngoan chẳng đọ thật thà

L’habilité ne saurait vaincre la sincérité.

 

 

192. Thật thà là cha quỷ quái

Franchise passe fourberie.

 

 

193. Của làm ra để trên gác


Của cờ bạc để ngoài sân

Của phù vân để ngoài ngõ.

Les biens gagnés par le travail sont en sécurité dans le grenier

Mais ceux gagnés au jeu restent dans la cour,

Et ceux acquis par aventure ne séjournent qu’au dehors de la porte.

 

 

b) La lutte pour la vie

 

 


Primum vivere :


 

194. Có thực mới vực được đạo


Il faut avoir de quoi manger pour pouvoir se maintenir en vertu.

 

 

La force prime le droit :

195. Cá lớn nuốt cá bé

Les grands poissons dévorent les petits.

 

 

196. Cả vú lấp miệng em

Gros sein étouffe les cris du nourrisson.

 

 

Mais on peut suppléer à la force brutale par l’habileté ou la souplesse :

197. Lạt mềm buộc chặt

Les lanières souples attachent bien.

 

 

198. Ngọt lọt đến xương

Les paroles douces pénètrent jusqu’aux os.

 

 

Des individus, faibles s’ils restent isolés, peuvent constituer une grande force en se groupant :

199. Góp gió thành bão

Beaucoup de vents font une tempêtre.

 

 

200. Chúng khẩu đồng từ

Ông sư cũng chết

Quand toutes les bouches émettent une même opinion, Même le bonze doit mourir.

(Même un homme vertueux comme le bonze ne saurait échapper à la

condamnation d’une foule d’exaltés)


 

 

Il faut noter cependant que si la foule est forte par sa masse, il ne faut pas lui demander d’accomplir de sages actes, car elle est souvent irresponsable, et qui dit tout le monde dit personne.

201. Lắm sãi không ai đóng cửa chùa

Une pagode desservie par beaucoup de bonzes n’est fermée par aucun d’entre eux.

 

 

202. Cha chung không ai khóc

Père commun n’est pleuré d’aucun enfant.

 

 

203. Lắm thầy thối ma

Avec plusieurs sorciers, le cadavre se putréfie.

(car il n’arrivent pas à s’entendre sur la date de l’enterrement)

 

 

Dans une société organisée, la force la plus redoutable est, non pas celle des muscles, mais celle de l’argent :

204. Mạnh về gạo

Bạo về tiền

Grâce au riz

Audacieux grâce à l’argent.

 

 

205. Nén bạc đâm toạc tờ giấy

Le lingot d’argent déchire la feuille de papier.

(l’argent fausse les sentences des juges)

 

 

206. No nên Bụt

Đói nên ma

Rassasié, on devient un Bouddha

Affamé, on devient un diable malfaisant.

 

 

207. Cái khó nó bó cái khôn

La pauvreté enchaine le talent.

 

 

Il en résulte que dans une telle société dominée par la force, l’habileté, le grand nombre ou l’argent, les faibles sont d’avance sacrifiés :

208. Chó cắn áo rách


Le chien aboie après les habits déchirés.

 

 

209. Nhờ gió bẻ măng

À la faveur du vent, on brise des pousses de bambou.

 

 

210. Dậu đổ bìm leo

Quand la haie est abattue, le liseron y grimpe.

 

 

211. Mềm nắn rắn buông

On saisit ce qui est mou, on relâche ce qui est dur.

 

 

212. Khó giữ đầu

Giầu giữ của

Le pauvre défend sa tête

La riche sa fortune.

 

 

c) La philosophie du faible

 

 

Le faible, pris dans le terrible engrenage de cette société, va-t-il donc être écrasé inexorablement et pour toujours ? Heureusement non. Car en sa faveur jouent deux autres lois en lesquelles il met son espoir dans ses pires moments de détresse.

 

 


La loi des vicissitudes :


 

213. Sông có khúc

Người có lúc


Le fleuve a ses méandres ;

L’homme a ses périodes (de prospérité et d’infortune)

 

 

214. Ai giầu ba họ

Ai khó ba đời

Personne ne peut se vanter que ses trois familles sont toutes riches, Personne non plus n’a à craindre que sa famille reste pauvre pendant trois générations de suite.

(les trois familles : celle du père, celle de la mère, et celle du conjoint)


215. Ai nắm tay đến tối ?

Ai gối tay đến sáng ?

Qui peut fermer son poing jusqu’à la nuit ?

Qui peut reposer sa tête sur le coude jusqu’au matin ?

 

 

216. Cười người chớ có cười lâu

Cười người hôm trước hôm sau người cười

Ne raillons personne

Car tel qui raille aujourd’hui sera raillé demain.

 

 

217. Mưa chẳng qua ngọ

Gió chẳng qua mùi

La pluie ne dépassera pas midi

Le vent ne dépasse pas l’heure du bouc (14h.)

 

 

Loi des compensations :

218. Trèo cao ngã đau

Plus on monte haut, plus douloureuse en sera la chute.

 

 

219. Lớn người to cái ngã

Grande taille, chute lourde.

 

 

220. To đầu khó chui

Les grosses têtes ont de la peine à passer.

 

 

221. Ăn cơm với cáy thì ngáy o o

Ăn cơm thịt bò thì lo ngay ngáy

Ceux qui mangent des crevettes peuvent ronfler paisiblement, Ceux qui mangent du boeuf sont dévorés d’inquiétude.

 

 

222. Voi chết về ngà, chim chết về lông

Les éléphant sont tués pour leur ivoire, les oiseaux pour leurs plumes. Conclusion : Pour vivre heureux, vivons cachés.

 

 

Enfin, si malgré tout le malheureux reste malheureux, il se console en disant que tel est son sort :

223. Giầu tại phận, khó tại duyên


Richesse et pauvreté sont déterminées par le sort.

 

 

Son fatalisme va même plus loin. Puisque le Ciel l’a fait naỵtre, il est impossible qu’il le laisse mourir de faim :

224. Trời sinh trời dưỡng

Le Ciel qui nous a fait naître se chargera de nous nourrir.

 

 

225. Trời sinh voi, trời sinh cỏ

À l’éléphant qu’il a créé, le Ciel donne l’herbe.

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