Nguyễn Huy Hổ

21 Tháng Năm 20143:04 SA(Xem: 6752)

N G U Y Ễ N H U Y H Ổ

(1783 – 1841)

 

Originaire du village de Trường Lưu, voisin de celui de Tiên Điền, village natal de Nguyễn Du à qui il est d’ailleurs apparenté. Sa mère Nguyễn Thị Đài est en effet une sœur de l’auteur du Nouveau Chant des entrailles déchirées, et son père Nguyễn Huy Tự, auteur du roman “Le papier à fleurs”, est aussi un poète remarquable.

 

Il appartient donc à une familles illustre qui compte, tant du côté paternelle que du côté maternel, nombre de docteurs, ministres, ducs et marquis. Lui-même a épousé une princesse, pettite-fille de l’empereur Lê Hiển Tông. Malheureusement il est né à un moment où la dynastie des Lê est tombée en décadence, et sa vie promise au plus brillant avenir s’est ensevelie dans une retraite misérieuse, mais digne.

 

Il assiste impuissant et désenchanté au caroussel des changements de dynasties : Lê-Trịnh, puis Tây Sơn, puis Nguyễn. Mais au fond de son cœur, il conserve intact son loyalisme envers ses anciens princes. C’est pourquoi il écrit en 1809 ce poème “Le rêve du pavillon des cerisiers” (Mai Đình mộng ký) où il raconte une aventure qui lui est arrivée en allant voir son frère à Nam Dương. Il traverse le port de Phù Thạch, un site célèbre de la province de Nghệ An, puis sous la pluie, il remonte la rivière Lam. Sur la barque, il boit de l’alcool en comptemplant le paysage, tombe ivre et fait un rêve. Il se voit s’aventurer dans un parc magnifique, au milieu du quel se dresse un pavillon. Dans le pavillon est une jeune fille en train d’écrire. En l’entendant venir, la jeune fille s’enfuit. Il pénètre dans le pavillon, lit le poème laissé par la jeune fille, compose à son tour un autre poème sur les mêmes rimes. Sur ces entrefaits survient une jeune servante qui lui demande pourquoi il est entré dans ce palais. Il répond que c’est par pur hasard. La servante aperçoit les deux poèmes, s’en empare et disparaît. Elle réapparaît bientôt pour l’inviter à entrer au palais.

 

Il est reçu par une belle femme dans un salon magnifiquement décoré. Il se nomme, et apprend de son hôtesse qu’elle est veuve, que son mari, autrefois mandarin à la Cour, s’est retiré ici pour ne pas assister aux douloureuses viscissitudes du monde. Puis elle lui promet sa fille en mariage puisque le sort a permis leur rencontre et l’engage à travailler pour acquérir la gloire ; il pourra alors revenir ici pour épouser sa fille. Pénétré de reconnaissance, il se retire . . . et se réveille.

 

 Qu’à voulu exprimer l’auteur dans ce poème long de 298 vers ?

Sous la forme d’un rêve d’amour, c’est en réalité une pensée dédiée à la dynastie déchue, puisque depuis Confucius, la tradition s’est établie que le fait de rêver à une belle femme a le sens de penser à son prince. (Dans le livre de la Poésie (Kinh Thi), il est fait allusion dans cette phrase :

 - Vân thùy chi tu ?

 - Tây phương mỹ nhân.

 (À qui pensez-vous ? À la belle femme de l’Ouest ).

 

Ainsi donc, Nguyễn Huy Hổ, descendant des grands dignitaires de la Cour des Lê, a voulu simplement exprimer dans ce rêve son loyalisme envers ses anciens princes. Par là, il rejoint la pensée maîtresse exprimée par Nguyễn Du dans les deux œuvres que nous avons examinées plus haut.

 

Au point de vue littéraire, le “Rêve du pavillon des cerisiers” de Nguyễn Huy Hổ offre également beaucoup d’affinités avec le “Nouveau chant des entrailles déchirées” de son oncle maternel, et avec le roman du “Papier à fleurs” de son père, de sorte qu’on a pu dire que ces trois œuvres appartiennent à l’école littéraire dite l’école des monts Hồng (Hồng sơn văn phái), les deux villages Tiên Điền et Trường Lưu étant situés au pied de la chaîne des monts Hồng.

 

Ci-dessous nous allons extraire quelques passages qui montrent que le poète de Trường Lưu possède aussi, mais à un degré moindre évidemment, la technique du poète de Tiên Điền dans la peinture des paysages et des sentiments.

 

Buổi chiều ở Phù Thạch

 

19. - Trời hôm xuân nhuốm màu da,

Cơn mưa rửa tuyết, trận hà cuốn mây.

 Chim về xao xác lá cây,

Rừng Đông đã thấy tròn xoay bóng thiềm.

 Lửa đâu thấp thoáng trong rèm,

Khi đưa hương xạ, khi đem khói tùng.

 Đá đâu lấp ló giữa giòng,

Như bay hoa sóng, như trồng gương nga.

 Thành đâu xây lấp yên hà,

Đỉnh non nền cũ, ván cờ bụi sương.

 

 Crépuscule à Phù Thạch .

 

Le ciel, au soir, s’et coloré de la couleur du printemps ;

La pluie l’a lavé de toute tache, et les teintes du crépuscule s’impriment sur les nuages.

Les oiseaux en rentrant font bruire les feuilles des arbres,

Cependant qu’à l’Orient la figure ronde de la lune tournoie déjà au-dessus des forêts.

Derrière les stores des boutiques clignotent des lumières

Qui exhalent un parfum de musc, ou une fumée de résine.

Au milieu du fleuve apparaissent des rochers

Contre lesquels se projette le courant, formant des écumes pareilles à des fleurs,et des ondes qui reflètent le miroir de la lune.

Là-bas, se dresse la citadelle comme bâtie de fumée et de nuages,

Où se voient encore les fondations du mirador, mais le mât du drapeau est tombé en poussière.

 

 

Ngược giòng sông Lam .

 

57. – Phong quang tám bức vén tranh,

Bình non mượn khắm, gương doành lét tô.

 Bến Nam liễu bá con đò,

Mảnh mây viễn phố, cánh cò hàn sa.

 Ngàn Đông khói lẫn lạc hà,

Giọt mưa cổ thụ, tiếng gà cô thôn.

 Vó câu pha gió nhẹ bon,

Bên lầu Bắc hỏi hoàng hôn địch nào ?

 Trời Tây bóng hạc non sào,

Đường rêu khách quạnh ruổi vào Thiên Thai.

 

 En remontant le fleuve Lam .

 

Autour de nous se déroulent huit paysages pittoresques 1

Dont la toile de fond est constituée par le paravent des montagnes et le miroir de l’océan.

Au débarcadère du Sud, les branches de saule s’accrochent à une barque

Cependant que des nuages flottent sur la ville lointaine, et que des cigognes volètent sur la plage glaciale

Du côté des montagnes de l’Est, couronnées de nuages effilochés,

Des gouttes d’eau de pluie tombent des arbres séculaires, et le chant du coq s’élève des hameaux solitaites.

Le galop d’un cheval à travers le vent

Se mêle au son d’une flute qui sort d’un pavillon du Nord à la tombée du crépuscule.

Du côté de l’Ouest où tombe de la grue solitiaire atteint presque la longueur d’une perche 2

Un chemin moussu semble inviter le passager à entrer dans la demeure des Immortels.

 

 Thiếu nữ đề thơ .

 

99. – Trong đình bốn báu sẵn sàng,

Cánh mây mới thảo, ngòi sương chửa rời.

 Xông mai chợt động bóng người,

Vẻ lan vừa chán vội dời gót sen.

 Ghẽ ngang về mái tây thiên,

Cành dao khuất bóng, xiêm tiên lẫn màu.

 Ít nhiều chùm quẹn chồi thâu,

Hương thừa còn phảng phất đâu trước đình.

 Vẻ sao ngọc chuốt giá thanh,

Bút thần đố vẽ nên tranh truyền thần.

 

 

Jeune fille écrivant un poème .

 

Dans le pavillon où sont réunis les quatre joyaux 1

Un poème est à peine écrit sur le papier orné de nuages, et le pinceau n’est pas encore tombé de ses mains,

Qu’entendant le bruit d’un intrus franchissant le buisson d’abricotiers,

La jeune fille, pareille à une orchidée, se hâte de quitter les lieux de ses pas de lotus.

Dans sa retraite vers la vérandha de l’Ouest,

Elle cache son corps éblouissant comme une brnche de jade, et ses vêtements diaprés dignes d’une immortelle

Les arbres retiennent encore son parfum

Qui flotte épars devant le pavillon.

Telle un diamant poli et la glace pure,

Sa beauté est impossible à rendre même par un pinceau de génie.

 

 Mời vào hầu chuyện .

 

 217. – Ỷ trên thấy một phu nhân,

Bước vào tự lễ phân tân trước tòa.

 Dạy rằng : “ Quê phúc gần xa ?

Ấy ai thóc mách nên mà biết đây ?”

 Dứt lời , rén rén thưa bày :

“Khi xưa dòng dõi, khi nay phong trần.

 Mảng vui nước trí non nhân,

Đăng lâm trót hẹn với xuân một lời.

 Cho nên trẹo nẻo lạc vời,

Phúc giang, Phượng lĩnh là nơi quê nhà.

 Thày lay vâng chịu trót đà,

Hạnh vào lượng bể bao la muôn nhờ.”

 Nghe thôi lẳng lặng trót giờ,

Ngọc khoan khoan mới xa đưa dịu dàng : 

 

1 Les quatre joyaux du lettré sont : le papier, le pinceau, le bâton d’encre et l’encrier.

 “Rằng gia quân với nghiêm đường,

Chữ luân xưa cũng mối giường một hai.

 . . . . . . . . . . . . . . . . .

239. – Lửa binh rấp thủa chông gai,

Áo xiêm đổi thói, cân đai đau lòng.

 Nặng nguyền hưu thích dữ đồng,

Theo chầu Liệt Thánh năm dòng mười dư.

 Bận bùng còn chút ngây thơ.

Điền thôn quen lấy cầm thư đỡ phiền.

 Dù chăng cảnh bụt làng tiên,

Với trần nghĩ đã diễn miền nước mây.

 Tiền nhân túc trái sao đây ?

Không dưng ngươi biết chốn này là đâu.

 Mới rồi dạo tới thư lâu,

Nhẹ nhàng vừa thấy con hầu nói qua.

 Khách nào la lướt yên hà,

Một mình thơ thẩn dò la hạnh đường.

 Lại đưa hai bức thi chương,

Khác chiều nên bảo đón chàng vào chơi.

 Lời quê trẻ nó dông dài,

Thêm hoa may lại gặp tài văn nhân.

 Xem trong xướng họa mấy vần,

Lấy mai mà vẽ lòng xuân cần quyền.

 Hay đâu là nợ là duyên,

Là thân trước trẻ là nguyền xưa ngươi.

 

Entretien du poète avec la maîtresse de maison .

 

Sur un siège haut placé est assise une dame,

J’entre, je salue ; elle me fait asseoir

Et me dit : “Est-il loin ou proche, votre village ?

Qui a bien pu vous indiquer notre demeure ?”

Timidement je lui expose mon cas :

“Descendant d’une famille illustre qui est tombéee en décadence,

Je passe mon temps à vagabonder par monts et par vaux,

Et j’ai promis au printemps de faire l’ascension des montagnes.

Ainsi me suis-je égaré en ces lieux.

Mon village est arrosé par le fleuve Phục, et surplombé par le mont Phượng.

Je déplore l’indélicatesse qui m’a fait pénétré ici ;

Puis-je attendre de votre immense bienveillance mon pardon ?”

Après m’avoir écouté, elle reste silencieuse durant une heure,

Puis me dit doucement, de sa voix qui tinte comme des perles :

“Mon mari, avec votre père,

S’occupant jadis à faire respecter les lois de la société.

 

 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

 

Mais la guerre est venue semer des épines sur les chemins,

Et les costumes de cour ont changé 1, quelle douleur !

Ayant promis de partager avec eux la fortune et l’infortune,

Il a suivi les Saints Empereurs dans leurs tombes depuis plus de dix ans.

Quant à moi, ayant des enfants à éduquer,

Je me suis retirée à cette campagne, avec pour toute distraction la musique et la poésie.

Si ce n’est pas le paradis,

C’est du moins séparé du monde par des étendues d’eau et des nuages.

Assurément des causes anciennes provenant d’une existence antérieure

Vous ont guidé en ce lieu ignoré de tous.

Tout à l’heure, en allant au pavillon de la Bibliothèque,

Une servante m’a informée doucement

Qu’un étranger venant des nuages 2

Etait venu s’informer de mes nouvelles.

Puis elle m’a montré deux poèmes

D’une facture peu commune qui m’a poussée à vous inviter à entrer céans.

Ma fille est encore malhabile en littérature,

Mais son poème médiocre a eu la chance d’être remarqué par un grand poète.

Je l’ai lu, et lu le votre composé sur les mêmes rimes,

Et j’ai compris que vous aviez décrit la fleur de cerisier pour exprimer le désir de votre cœur printanier.

Peut-être est-ce le sort prédestiné

Qui lie ensemble ma fille et vous, déjà réunis dans une existence antérieure !

 

Tỉnh dậy .

 

281. – Trong thuyền sực tỉnh đòi khi,

Tấc riêng dồn dã khôn suy tin ngờ.

Nào đình, nào khách, nào thơ ?

Bây giờ hồ điệp, bây giờ Trang sinh !

Cũng trong hai chữ chung tình ,

Sao người thường bấy, mà mình quái thay !

Tài tình xem lại xưa nay,

Kiếp người may với chẳng may cũng nhiều.

Cuộc đời mây nổi, nước triều,

Tình bao nhiêu, nợ bấy nhiêu hay gì ?

Lấy điều mộng ảo mà suy,

Một thì là giác, hai thì là mê.

Mê chăng một lúc đi về,

Giác thì duyên ấy còn ghê sau này.

Thấy đây còn biết từ đây,

Bao giờ sao nữa lại hay bấy giờ.

 

Réveil .

 

Je me réveille en sursaut dans la barque,

Le cœur agité de mille pensées.

Où est le pavillon, où est la dame, où sont les poèmes ?

Suis-je un papillon ? Suis-je Trang sinh ? 1

L’amour,

Si commun aux hommes, pourquoi s’est-il révélé si étrange pour moi ?

Mais de tout temps les gens de talent

Rencontrent rarement la chance.

Dans la vie, pareille aux nuages flottants et à la marée changeante,

Autant d’amours, ce sont autant de dettes à payer !

En interprétant ce rêve,

Ou bien c’est une révélation, ou bien ce n’est qu’un mirage.

Si c’est un mirage, aucune importance !

Mais si c’est une révélation, quelle aventure terrible me réserve l’avenir ?

Qu’importe ! contentons-nous de vivre dans le présent.

Il sera temps, au moment voulu, de faire face aux évènements à venir.

 

Les derniers vers nous laissent voir nettement qu’il ne s’agit aucunement dans ce poème d’un banal rêve d’amour. La dame du palais mystérieux, en promettant au poète la main de sa fille et en lui conseillant de travailler pour acquérir la gloire, a voulu en réalité l’attacher au service de la dynastie déchue et lui conseiller de travailler à sa restauration. D’où inquiétude du poète à son réveil, inquiétude qui serait tout à fait déplacée à propos d’un rêve d’amour.

 

 

 



1 Le thème des huit paysages classiques a été traité, nous l’avons vu par l’auteur du “Papier à fleurs”.

2 Cela indique que l’après-midi est déjà avancé.

 

1 Trang Tử (Zhuang Zi 莊子 ), un des maitres de la philosophie taoïste, se voyait en rêve sous la forme d’un papillon. Et, à son réveil il se demandait : “Suis-je Trang Tử qui croit être un papillon en rêve ? Ou suis-je un papillon qui croit être Trang Tử en rêve ?”

 

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