Hồ Xuân Hương

21 Tháng Năm 20143:01 SA(Xem: 7347)

Naquit vers le milieu du XVIIIè siècle et mourut au début du XIXè siècle. Le destin n’a pas été tendre envers elle. Fille d’une concubine de mandarin, elle s’est révélée une poétesse de génie dès son jeune âge. Mais la mort prématurée de son père l’ayant laissée orpheline de bonne heure, elle a mené une vie assez libre, nouant des relations littéraires avec quantité de poètes de l’époque. Ces relations, purement littéraires, ont-elles nui à sa réputation ? Toujours est-il qu’elle n’a pas trouvé à se marier jusqu’à un âge assez avancé. Finalement, elle dut se résigner à être concubine d’un certain préfet de Vĩnh Tường. Elle a du beaucoup souffrir de cette situation subalterne. Mais son mari mourut à peine 27 mois après le mariage. Devenue veuve et probablement sans ressources, elle accepta de convoler en secondes noces avec un chef de canton, veuf lui-même. Mais la mort la frappa encore une fois, en la personne de ce mari roturier.

 

Ces deux veuvages successifs n’eurent pas le don de calmer ses sens. Vivant dans une société extrêmement rigoriste, elle laissa déborder le trop-plein de son ardeur amoureuse dans des poèmes grivois qui n’ont pas leur pareil dans toute la littérature viêtnamienne. Son obsession de l’amour charnel se répandait dans presque tous ses poèmes, quel qu’en fut le sujet : un éventail, une grotte, une jaque, une partie d’échecs, un jeu de balançoire, etc, mais toujours en termes à double sens, et apparemment tout à fait innocents. Le poème cité ci-dessous en donne un exemple remarquable. Tous les vers, apparemment, servent à décrire une scène d’irrigation, mais tous, sans exception, se rapportent aux travaux de Vénus. Il y a même dans le premier vers un calembour intraduisible, et dont la grivoiserie apparait seulement aux oreilles viêtnamiennes.

 

 Tát nước

 

Đương cơn nắng cực mưa tê,

Rủ chị em ra tát nước khe :

Lẽo đẽo chiếc gầu ba góc chụm,

Lênh đênh một ruộng bốn bờ be.

Xì xòm đáy nước mình ngang ngửa,

Nhấp nhỏm bên gềnh đít vắt ve.

Mải việc làm ăn quên cả mệt,

Giạng hông một lúc đã đầy phè.

 (Hồ Xuân Hương, page 119)

 

 

 Scène d’irrigation.

 

Le soleil ayant été implacable durant plusieurs jours sans pluie,

Des jeunes filles se sont exhorté à aller déverser de l’eau des arroyos dans les rizières.

Elles balancent sans interruption le seau de forme triangulaire

Au milieu d’une étendue d’eau bordée de diguettes sur les quatre côtés.

Leurs corps se penchent et se redressent bruyamment

Tandis que leurs derrières se soulèvent et s’abaissent rythmiquement.

Oubliant la fatigue dans leur besogne,

Elles n’ont écarté leurs hanches qu’un moment, et voilà que les rizières sont déjà pleines d’eau.

 

Ayant souffert elle-même de sa condition de concubine, Hồ Xuân Hương fut la première au Việt Nam à défendre les droits de la femme et surtout de la concubine, à stimatiser la férocité de l’égoïsme masculin qui s’autorisait la polygamie mais ne voulait pas connaître les souffrances des concubines gémissant sous la férule jalouse de la femme principale. Voici un de ses poèmes sur ce sujet douloureux :

 

 Cảnh chồng chung

 

Chém cha cái kiếp lấy chồng chung !

Kẻ đắp chăn bông kẻ lạnh lùng.

Năm thì mười họa hay chăng chớ,

Một tháng đôi lần có cũng không.

Cố đấm ăn xôi, xôi lại hẩm,

Cầm bằng làm mướn, mướn không công.

Thân này ví biết dường này nhỉ,

Thà trước thôi đành ở vậy xong !

 (Op. cit, page 115)

 

 Concubinage

 

Maudit soit le sort de la concubine

Qui me condamne à frissonner de froid toute seule alors que l’autre est bien au chaud sous la couverture d’ouate !

Bien rares sont les occasions de rencontrer monsieur mon mari :

Une ou deux fois par mois tout au plus, ou même aucune.

Je me suis résignée à subir les mauvais traitements pour avoir un peu de riz, mais le riz s’est révélé infect ;

Je me suis considerée comme une servante, mais je n’en reçois même pas les gages.

Ah ! si j’avais su que tel serait mon sort,

J’aurais mieux fait de rester célibataire !

 

Enfin Hồ Xuân Hương s’est vengée de son sort en criblant de quolibets tout le monde : les lettrés, les militaires, les femmes dévotés, et même les respectables bonzes n’int pas trouvé grâce devant sa verve gouailleuse. Elle a rempli de son rire rabelaisien cette sombre fin du XVIIIè siècle. Voici quelques-uns de ses traits empoisonnés :

 

Un jour qu’elle alla visiter la pagode de son village, elle trouva sur les murs de mauvais vers, écrits récemment par quelques lettrés prétentieux mais dépourvus de tout talent. Aussitôt elle traça à côté cet impromptu raillaur :

Dắt díu nhau lên đến cửa chiền,

Cũng đòi học nói, nói không nên.

Ai về nhắn bảo phường lòi tói,

Muốn sống đem vôi quét giả đền !

 

Ils s’exhortent à aller jusqu’à la pagode

Pour s’exercer à faire des vers, mais qui ne sont qu’ineptie.

Avertissement à ces lettrés ignares :

Qu’ils fassent rebadigeonner les murs de la pagode, qu’ils ont déshonorés !

 

Près de chez elle vivait un mandarin militaire, qui avait certainement obtenu son grade par la vertu de son argent plus que par ses mérites. Il n’en était que plus fier, et sortait toujours avec son uniforme : chapeau conique à pointe de cuivre doré et bandouillère avec des franges de soie noire. Irrévérencieusement, Hồ Xuân Hương fit son portrait, qui se trouve être à la fois la description de cet organe qui fait l’orgueil des hommes !

Bác mẹ sinh ra vốn chẳng hèn

Tối tuy không mắt sáng hơn đèn.

Đầu đội nón da loe chóp đỏ,

Lưng đeo bì đạn rủ thao đen.

 (Op. cit, page 117)

Pas du tout dépourvu de malice dès sa naissance,

Il trouve son chemin dans l’obscurité mieux qu’avec des lanternes.

Sa tête est coiffée d’un chapeau de cuir d’où jaillit une pointe rouge,

Et son échine porte une bandouilière d’où tombent des franges noires.

 

Enfin, voici un trait assez méchant décoché à un bonze entouré pourtant de la vénération incontestée des dévotes du village :

 

Chẳng phải Ngô, chẳng ta,

Đầu thì trọc lốc, áo không tà.

Oản dâng trước mặt dăm ba phẩm,

Vãi núp sau lưng sáu bẩy bà.

Khi cảnh, khi tiu, khi chũm chọe,

Giọng hì, giọng hỉ, giọng hi ha.

Tu lâu có lẽ lên sư cụ,

Ngất nghểu tòa sen nọ đó mà !

 (Op. cit, page 117)

 

Ni Chinois, ni Viêtnamien,

Il a la tête complètement rasée, et porte une robe sans pan 1

Devant lui, trois ou quatre pains de riz gluant,

Et derrière son dos, six ou sept bonnes femmes.

Crécelle, tocsin, cymbales l’accompagnent

Quand il récite ses prières d’une voix nasillarde.

Tout son mérite pour parvenir au grade de bonze supérieur est d’avoir vécu dans la pagode depuis longtemps.

Et maintenant il se juche très haut sur le trône de lotus !



1 En effet la robe des bonzes est faite d’une seule pièce.

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